L’actrice et danseuse espagnole  Dafne Fernández, mère deux enfants,raconte comment la maternité a fracassé en quelque sorte sa carrière au cinéma, alors qu’elle se sentait encore pleine de ressources et en capacité de donner le meilleur de son potentiel créatif. Heureusement que la danse lui a permis de retrouver de l’envie et de l’ambition puisqu’elle vient  de refaire surface  grâce  “Woman“, le dernier  spectacle de danse oeuvre du label Vivancos dont les premières représentations ont été données il y a quelques jours  au théâtre Lope de Vega à Madrid.

Dafne Fernández a retrouvé le monde vivifiant de la danse dans “Woman”

“La maternité m’a brisée parce que j’étais la jolie fille et maintenant je suis une mère, donc je ne m’intègre plus. Voyons comment je peux dire ça sans mal paraître. Disons que je ne suis plus sexuellement désirable et que ça me rend invisible… Alors que  je venais d’accoucher de ma deuxième fille, et que je me sentais personnellement super bien, puissante, une héroïne. J’ai réalisé toutes les capacités que j’avais. Elles étaient cachées juste là et avec la maternité elles se sont  réveillées. Mais d’un autre côté, je suis devenue invisible du monde professionnel et, dans une certaine mesure, de la société, car j’étais une mère 24 heures sur 24, ce qui est un travail qui va de soi mais jamais valorisé. J’étais triste, malgré le fait que je vivais pleinement et heureusement ma maternité. En Espagne, il n’y a pas de personnages écrits pour de vraies femmes. Les Américains le font et ce sont les séries que je regarde : de vraies femmes, 30 ans et plus, avec des situations réelles et non “la copine de” qui n’a pas d’intrigue. Maintenant, en raison de mon âge et de ma maternité, je suppose que je suis passé à un autre statut et je dois m’adapter un peu là-bas“.

‘Extrait d’un entretien paru dans les colonnes du quotidien madrilène  El Mundo en mars 2022)