Juliette Binoche:«dire la vérité ne nuit pas… »
L’actrice française Juliette Binoche a la lourde tache de présider le jury de la 78e édition du Festival de Cannes. Un cru espéré voire annoncé comme un excellent millessime. Le choix de la native de Paris ( 61 ans depuis le 9 mars) est un choix et pertinent qui va ajouter de la force et de la consistance à cette qui affiche plus 75 films au compteur d’une carrière commencée en 1985 dont certains ont été marquants. À l’image de « Les Amants du Pont neuf » ( Michèle Stalens) , la trilogie ‘ Bleu Blanc,Rouge » ( Krzysztof Kieślowski ), « Le Patient anglais » ( Anthony Minghella), « Mauvais Sang » (Leos Carax) ou plus récemment « La passion de Dodin Bouffant » ( Trần Anh Hùng), un film finaliste des Oscars 2023.
C’est une femme de caractère aux engagements multiples ( social, politique, écologique…) Sur la question du féminisme, elle fut l’une des premières, des les années 1980, dans le cinéma français, et bien avant l’avènement du mouvement #MeToo à ruer dans les brancards et à dénoncer les abus dont elle souffrait dans le milieu professionnel, comme nombre de ses collègues.
Son dernier engagement date de ce mardi soir. Sous la forme de l’ hommage vibrant qu’elle a rendu dans son discours d’ouverture du festival à la journaliste reporter de guerre palestinienne, Fatima Hassouna, assassinée en même temps que huit membres de sa famille par une bombe larguée à Gaza par Tsahal, l’armée israélienne. « La veille de sa mort, elle avait appris que son film était sélectionné dans une sélection indépendante à Cannes. Fatma aurait dû être parmi nous. L’art reste, il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves. Que le Festival de Cannes où tout peut basculer y contribue. »
NOTRE RUBRIQUE: LEUR DERNIER MOT
À propos de la Liberté
« Je me fichais de ce que l’on disait de moi, car j’étais concentréen sur mon travail. Je ne parlais pas de tout sur les plateaux, mais je dénonçais certaines des situations que j’avais traversées. Tous ces comportements ne m’ont pas arrêtée dans ma passion, alors qu’ils ont détourné des acteurs de leur métier et c’est triste.Je pense que dire la vérité ne nuit pas, au contraire , libère.On a besoin de figures de proue de la liberté comme Béatrice Dalle ou Inès de la Fressange.Elles n’ont pas peur de parler: leur parole est libre …
À Propos de l’affrontement
Je ne le crains pas, mais je n’ai pas envie de blesser. Il faut savoir être libre et avoir de la compassion. On ne sait jamais ce que les gens ont vécu. Mais je tiens à continuer à dire ce que je ressens et ce qui me semble vrai (…) J’exprime une part de mon intimité, non dans ma parole publique comme le veulent les journalistes, mais à travers mes films. Dans mes différents rôles, mes émotions, que je ne contrôle pas toujours, ressortent par tous les pores de ma peau… »
À propos de l’engagement
» La vie est bien, plus large que les mots et les idées. Ma soeur me dit que je pourrais être davantage engagée. Je le suis, mais pas toujours et pas à tous les endroits. Je suis en revanche entière dans ce que je fais. Quand on est acteur, on s’expose à être jugée, oublié, refusé, aimé, mais on est porté par le désir de l’art, un lieu mysterieux qui nourrit l’âme. »
(Propos extraits de l’entretien que l’actrice et présidente du jury du Festival de Cannes 2025 a accordé ua magazine Paris Match daté du 15 mai 2025)
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