Inès Arsi : la cinéaste tunisienne évoque « Pure folie » son prochain doc-fiction
À 32 ans, la cinéaste tunisienne Inès Arsi, reconvertie de la pharmacie qu’elle a étudié à l’université au monde la pellicule, elle est diplômée de l’Audiovisuel et du Cinéma à Tunis. Formée dans la foulée à la réalisation et à l’écriture de documentaires à l’Université d’été de La Fémis, elle réalise Thick Skin, un documentaire soutenu par Doc House et Mawjoudin. Après son dernier court métrage ‘ Chair et sang, »une fiction de 19 minutes consacrée au sujet de l’avortement dans son pays. Un thème clairement délicat et difficile, mais nécessaire, parce que, dit-elle, la situation de « l’avortement a tendance à se détériorer en Tunisie en raison des barrières religieuses et financières ». En 2024-2025, elle passe à la vitesse supérieure.

En effet, actuellement, la native de Tunis à des projets plein la tête et certains déjà programmés . Notamment ce long métrage documentaire « Pure folie » librement inspiré d’une histoire familiale vraie.Un tournage et une réalisation qu’elle compte bien terminer au plus tard en 2026.
Interrogée par le plus grand quotidien tunisois sur la raison du traitement de ce thème, la folie, et du choix du format, le documentaire, au lieu de la fiction, Inès Arsi a répondu avec la franchise qui la caractérise. Celle d’une femme et d’une professionnelle ambitieuse et libre.
Le synopsis de « Pure folie »
Kaddour, grand-oncle de la réalisatrice, quitte la Tunisie dans les années 1960 pour étudier en France. Il écrit régulièrement à sa famille, jusqu’au jour où ses lettres cessent brusquement, laissant ses proches dans l’inquiétude durant une décennie. Après de longues recherches, ils le retrouvent dans un hôpital psychiatrique à Paris et le rapatrient dans un établissement à Tunis. Sa santé mentale se dégrade progressivement. Dans ses délires, certaines de ses paroles restent figées dans le temps, laissant planer un doute : il affirme avoir laissé une femme et un enfant à Paris, et quelques preuves tangibles de son passé en France subsistent. En 2014, Kaddour meurt, seul, sans que l’existence de cette femme et de cet enfant n’ait jamais été confirmée. Et si tout ce qu’il disait était vrai ? Ainsi débute une enquête entre la Tunisie et la France pour découvrir la vérité derrière la psychose.
Un film, un format
« « Pure folie » est un titre très polémique, il faut le dire. Le mot folie me plaît énormément, surtout dans sa forme tunisienne mahboul (être fou) ! Je vois de la beauté dans la folie,une singularité… Une beauté pure et une désinhibition primaire et primale. Une pureté qui te déconnecte du monde en te créant ta propre réalité. Cela n’a pas toujours été dénigré dans nos sociétés. Et il n’y a qu’à voir la figure du fou du village dont tout le monde prenait soin, mais cela n’existe plus malheureusement…
» Je voulais en faire un documentaire parce que pour moi , c’est une forme plus libre à bien des les niveaux, entre autres sur le plan de la forme et aussi par la possibilité de tourner plus ou moins avec que tu veux quand tu veux (derrière la caméra) ce qui n’est pas permis avec la fiction. De plus, il est plus facile de financer un documentaire.
« Il y a une pression monumentale sur l’écriture de la fiction. et je ne veux plus entrer dans la version orientaliste des subventions occidentales. Une double pression pour une réalisatrice arabe censée proposer des films qui traitent de l’émancipation de la femme et du féminisme.Pour moi, c’est comme se voir obéir à un cahier des charges .
« Une femme arabe n’est pas censée ne parler que de ça. On n’est beaucoup plus que ça. Le féminisme en Tunisie est beaucoup plus que ça et n’a pas à être vu sous le prisme du féminisme blanc. Moi, je ne veux ni d’un financier blanc ni d’un sauveur occidental sur son cheval blanc. Je veux faire du cinéma et raconter des histoires.. »
( Propos extraits de l’interview acordée au quotidien tunisois La Presse daté du 17 mars 20025).
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