Hasna El-Bacharia,”la rockeuse du désert n’est plus”

Triste nouvelle  pour le monde de la musique en Algérie avec la disparition  de la chanteuse  Hasna El-Bacharia à l’âge de 74 ans. Figure de proue  du diwane, ce genre musical du Sud-Ouest algérien s’inspire de traditions profanes et sacrées héritées des anciens esclaves subsahariens  dans le nord de l’Afrique, Algérie, Maroc, particulièrement.

La  native de Béchar a occupé la scène nationale au début des années 2000 avec un premier album intitulée “El-Djazaîr djawhara” (“L`Algérie est un joyau” ) qui lui a valu d’entrée la reconnaissance des maîtres du genre  au sens propre et figuré puisque le diwane était le royaume des hommes.

Elle fut en effet la première femme en Algérie à pratiquer, bravant ce qui ressemblait clairement à un interdit,  et à maîtriser à la perfection un instrument ancestral , le “guembri“,historiquement réservé aux hommes, musique ancestral à cordes réservés aux  “Maâlims” (Maîtres), respectés voire adulés. Mais Hasna n’avait pas que le guembri comme horizon, elle était tout aussi à l’aise avec la guitare, le luth, la mandale et l’harmonica.

 

Une vraie femme orchestre  qui s’est forgée un formidable répertoire en chansons comme en compositions. C’est dans des milieux intimistes, lors des mariages, notamment dans sa région natale puis, sa réputation grandissant, dans toutes les régions du nord de l’Algérie  qu’elle avait commencé à vivre de son immense talent. Elle avait aussi un sens inné du rythme, de l’improvisation  et la capacité de d’exploiter le son  des guitares, de jouer  sur les timbres vocaux, Les thèmes de ses chansons lui allaient comme un gant. Ils évoquaient la révolte, la vie, les amours  et  des femmes.

Hasna, avait été encouragée à la pratique de cette la musique dès son plus jeune âge par son père  qui était à la tête d’un groupe gnaoua lui-même digne héritier de son paternel passionné de musique devant léternel .

Dans les années 2010, elle est rejointe  par une nouvelle  Souad Asla, dans la création  de “Lemma”,  un groupe de  chant et musique de la Saoura. Le projet consistait   à  mettre en avant le patrimoine musical féminin de cette région du Sud-ouest de l’Algérie. Une réussite totale incarnée désormais par  Souad Asla qui fait claireme,t officile de son héritière sur la scène nationale.

Au début des années 90, elle s’installe à Paris. Sa carrière prend alors une nouvelle dimension et lui fait conquérir d’autres univers. Elle donne des concerts en France, bien sûr, mais aussi en Espagne, au Portugal, en Italie, en Egypte, au Canada et ailleurs,

Cette ascension et ce parcours exceptionnels sont consacrés par  le  documentaire intitulé “La Rockeuse du désert”  réalisé par ma cinéaste  algéro-canadienne Sarah Nacer. Vu pour la première fois à Montéral en 2022. Rockeuse du désert parce que Sa musique allie sonorités traditionnelles des Gnawas et folk rock du désert. Avec l’utilisation de son  Guembri et de sa guitare électrique,

Un film qui collectionnera les récompenses :  prix du meilleur long métrage documentaire catégorie “Regards d’ici” au Festival international “Vues d’Afrique de Montréal (Canada); prix du meilleur long métrage documentaire au San Francisco (USA) Arab film-festival,   prix du meilleur film réalisé par une femme au Swedish International film festival (Suède) et grand prix du jury du film-documentaire (Bantu du Jury) au Festival international de films africains et afro-descendants “Bangui : Fait son Cinéma”.

À noter qu’en 2017,  Hasan El-Bacharia a été décorée  dans son pays de la  médaille de l’ordre du mérite national au rang de “Achir”, décernée à des hommes et des femmes  de lettres, de l’art, des chercheurs et des académiciens.

@Fayçal CHEHAT

 

 

 

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