La situation politique, économique, financière  et sociale  que traverse le Liban depuis des années n’empêche pas  les initiatives culturelles qui mettent en avant le “vrai” patrimoine du pays. Celui qui est “éternel” et appartient à tous les Libanais, en l’occurrence la Terre avec un grand T. Faire “l’inventaire du territoire non bâti est l’objet de l’exposition  ” The Place That Remains“, conçue par Hala Younes*, et déjà présentée à la Biennale Architecttura de Venise en 2018. Elle est à  visiter à Beit Beyrouth  depuis le 10 février et ce jusqu’au 10 mars 2022. La commissaire  insiste sur l’importance  de se préoccuper de ce territoire.

« Notre préoccupation est notre territoire, son devenir et les conditions qui nous permettront encore de construire pour l’habiter sans se laisser uniquement entraîner dans la spéculation foncière. Miser sur la spéculation foncière et sur la plus-value nous éloigne de l’essentiel, à savoir mettre en avant notre terre et ses qualités, afin de préserver ce qui reste. La terre est un bien culturel et non une valeur foncière. Avec la crise financière et la dévaluation de notre monnaie, nous avons réalisé que notre terre est un bien plus précieux que l’or et tous les comptes en banque. Éviter que le patrimoine ne soit sacrifié pour redresser l’économie est la démarche salvatrice. Le territoire se doit d’être la raison pour créer une économie productive. Préserver ses qualités, c’est donner envie au peuple d’y rester ou d’y revenir. Voilà pourquoi ce qui nous accueille à l’entrée de l’exposition, ce sont les photographies de Gilbert Hage. Elles sont les gens qui restent“.  (Extrait d’un entretien paru dans les colonnes du quotidien libanais “L’Orient Le Jour ” du 12 février 2022)

*Hala Younes  est architecte, paysagiste et géographe