Golshifteh Farahani : “Toute ma vie, en Iran, j’ai détesté être une femme !”

Exilée  à Paris depuis 2008, l’actrice iranienne Golshifteh Farahani suit avec une passion infinie la bataille pour les libertés, toutes les libertés, initiée par les femmes, qui en paient  un lourd tribut. Avec des morts, des blessés et des arrestations par milliers. Une révolte bien plus profonde que les précédentes et appelée sans doute à s’intaller durablement.

L’actrice qui a connu  les violences faites à  la condition féminine dans ce pays depuis la prise du pouvoir par les Mollahs en 1979. Celle qui est née quatre après l’installation du nouveau régime  après avour fait  tomber  le  Shah  rappelle que dans son pays les femmes sont  stigmatisées et rendues coupables rien que par le fait d’exister.

Et ce que si déroule  aujourd’hui dans son pays  peut amener un changement profond. Car la jeunesse (femmes et hommes) qui se bat est en train de réussir à réunir autour d’elle  toutes les composantes de la nation. La nouvelle génération, nous dit Farahani, est dans l’action sans le boulet des références idéologiques “Elle s’en moque, estime-t-elle,  veut juste être libre. Libre de choisir sa vie. Et ça lui paraît simple”.

Toute ma vie, en Iran, j’ai détesté être une femme ! Car une femme en Iran est coupable. Coupable de ses seins, de ses cheveux, de ses formes. Coupable si on la regarde. Coupable si on la touche, coupable si on l’agresse. C’est odieux, car tout le monde finit par intégrer cette ineptie. Lorsque je me suis permis d’ap­paraître tête découverte, à24ans, àNewYork, le soir de la première du film de Ridley Scott dans lequel je jouais [Mensonges d’Etat], tout le pays m’est tombé dessus. C’est comme si j’avais lancé une bombe atomique. Personne ne m’a soutenue. Personne ! Pas même le réa­lisateur Asghar Farhadi, avec qui je venais de tourner A propos d’Elly et qui m’a bannie. Il pensait que j’étais coupable d’un truc horri­ble, et il ne voulait plus me parler, lui, le grand intellectuel! Ça m’a détruite. Ma famille ar­tistique me lâchait donc, elle aussi… Vous voyez comme on revient de loin ! C’est en dé­barquant à Paris que j’ai senti que les femmes ne sont pas coupables. C’est le plus grand ca­deau que m’a fait la France“.

(Extrait d’un long entretien paru dans les colonnes du quotidien français Le Monde daté du 9 octobre 2022)

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