Festival d’automne: La part belle aux femmes

La 52e édition du Festival d’automne de Paris qui  déroule du 28 septembre au 20 décembre fait la part belle  à la création féminine.En effet, les femmes sont présentes en force dans toutes les disciplines artistiques du programme. Que nous détaillons ci-dessous pour nos abonnées.  Une sélection de spectacles forcément subjective. Surtout lorsqu’il s’agit d’un événement  réputé par sa redoutable exigeance À noter que les résumés des spectacles sont extraits du dossier de  presse fourni par les organisateurs.

Arts Plastiques & cinéma

L’exposition Défricheuses : féminismes, caméra au poing et archive en bandoulière propose une vision de la lutte pour l’émancipation des femmes des années 1970 jusqu’à aujourd’hui à travers une histoire des médias incluant les archives du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir (fondé en 1982 par Delphine Seyrig, Carole Roussopoulos et Ioana Wieder, membres du collectif « Les Insoumuses ») et les œuvres d’artistes femmes de toutes générations et de tous les continents.

Défricheuses installe un dialogue entre générations d’artistes et de vidéastes féministes dont l’histoire entremêle celle de la Cité internationale des arts et du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Martha Wilson, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki, Myriam Mihindou, Eszter Salamon, Nil Yalter, Orlan, Bouchra Khalili, Zanele Muholi, Saddie Choua, Lili Reynaud Dewar et Paula Valero Comín

  • Alice Rohrwacher (Italie) Exposition et rétrospective

Alice Rohrwacher, figure de proue du jeune cinéma italien révélée dès son premier long métrage Corpo Celeste en 2011 sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, présente une exposition inédite et l’ensemble de sa filmographie.

“Ses films explorent un passé ancestral et naviguent entre histoire et mythes, ruralité et modernité, à l’instar des fictions Les Merveilles (Grand prix – Cannes 2014), Heureux comme Lazzaro (Prix du scénario – Cannes 2018), dans lesquelles joue sa sœur aînée, l’actrice Alba Rohrwacher, mais aussi de certains de ses documentaires, courts et longs métrages (Omelia Contadina coréalisé avec JR, Futura coréalisé avec Pietro ­Marcello et Francesco Munzi et Le Pupille, candidat aux Oscars en 2023).

Alice Rohrwacher présente également son quatrième long métrage de fiction, La Chimera avec Isabella Rossellini et Josh O’Connor, sur un chasseur de vestiges étrusques (en compétition au festival de Cannes 2023), en avant-première pour l’ouverture de la rétrospective.

En parallèle, une importante exposition inédite aborde la question de la disparition de l’agriculture traditionnelle ainsi que la mise en danger des paysages et des écosystèmes. À cette occasion, elle réalise également un court métrage inédit dans le cadre de la série initiée par le Centre Pompidou, « Où en êtes-vous ? ». Du 1er décembre 2023 au 8 janvier 2024 au Centre Pompidou.

 DANSE

“Hurlula” avec et de Flora Détraz 

 À la fois film et concert chorégraphié en trio, hurlement et hululement, le diptyque HURLULA prend pour matière première le cri. Pour la chorégraphe Flora Détraz, qui a exploré une large palette de cris et creusé ce son qui nous échappe, ces débordements émotionnels ont le pouvoir de transfigurer nos corps. Du 11 au 13 octobre au Centre  Pompidou.

*la chorégraphe Flora Détraz proposera  “Hurlula”

 

“Mourn Baby Mourn” de Katerina Andreou

Dans la pièce chorégraphique et sonore Mourn Baby Mourn, Katerina Andreou travaille la mélancolie comme une matière première. Un solo pensé comme un signal de détresse, une virulente tentative d’évasion.

Mourn Baby Mourn oscille entre les sons vifs de la musique électronique et les reliefs ciselés d’une création sonore conçue avec le musicien chilien Cristian Sotomayor, en un mouvement de balancier nécessaire. Mourn, en anglais, c’est le deuil mais aussi la lamentation.

Avec son titre à la tonalité pop, Mourn Baby Mourn tente de sortir d’une impasse personnelle dans un geste puissant et vital. La musique, les mots, le corps et les émotions, au pied du mur ” Du 27 au 3àseptrmbre au Centre Pompidou.

THÉÂTRE 

“Oasis Love ” de Sonia Chiambretto

Écrite et réalisée  bien avant la dernière actualité qui avait vu les Banlieues flamber partout dans l’Hexagone, la pièce  de la metteuse en scène française évoque la rapport des citoyen(ne)s avec l’autorité .

« Comme si faire parole était déjà faire émeute. » Pour l’autrice Sonia Chiambretto, le moteur poétique de sa pièce Oasis Love se trouve dans le sens de ce mot « émeute », littéralement : « créer de l’émotion ».

Pourquoi l’apparition des forces de l’ordre dans les cités périphériques aux grandes villes provoque-t-elle, toujours ou presque, dans un réflexe de fuite, la course des jeunes qui y vivent, et dans le même mouvement, la course des policiers ? Avec Oasis Love, Sonia Chiambretto pose cette question comme point de départ à son spectacle, forme résolument hybride, né d’un long travail de documentation, d’enquête et d’écriture sur l’ambiguïté de notre rapport à l’autorité. Oasis Loveexplore la puissance poétique de la course- poursuite, de l’exaltation, des corps épuisés. Celle d’une jeunesse qui court et trouve son souffle et sa fraîcheur dans cette chose qui fait tourner le monde : l’amour. Sous nos yeux se construit alors un espace où se réinventent effrontément les règles du vivre ensemble, révélant quelque chose comme l’atlas sensible d’un grand ensemble devenant peu à peu une oasis futuriste. Au Théâtre Ouvert-Centre national des dramaturgies contemporaines du 18 au 30 septembre

 Hartaqāt (Hérésies), de Lina Majdalanie et Rabih Mroué 

“Trois autobiographies libanaises exilées témoignent des passages de frontières, de celles qui séparent pays, époques, langues, classes sociales, genres ou religions. En trois chapitres, Lina Majdalanie et Rabih Mroué font s’entrelacer paroles, musiques et arts plastiques pour contrer la fatalité et célébrer les métamorphoses”.

 

Les textes inspirants sont ceux de deux auteurs libanais actuels  : l’universitaire et activiste Rana Issa (Incontinence), le romancier Souhaib Ayoub (L’imperceptible suintement de la vie) et le poète et journaliste Bilal Khbeiz (Mémoires non fonctionnelles). Tous vivent en exil sans avoir vraiment quitté le Liban, demeurant dans l’entre-deux – ni vraiment dans une géographie nouvelle, ni vraiment chez soi, tant les frontières physiques, sensibles ou mentales deviennent floues, plastiques et asynchrones. Chacun à sa façon et avec mélancolie, autodérision et ironie, les trois chapitres du spectacle évoluent sur ce seuil mobile et flottant en s’alliant tour à tour avec la musique de Raed Yassin, la danse ou la vidéo de Rabih Mroué. Convoquant une grand-mère palestinienne analphabète et libre, le souvenir des nuits queer d’un Tripoli pas si lointain et l’expérience du déracinement, ils entretiennent les passages possibles entre les langues, les genres, les corps, malgré les contraintes et les faux-semblants autoritaires. Du 19 au 30 septembre au Théâtre du Rond Point

“Le bruit de l’autre” de Lucia Calamaro

Inspiré d’une recherche personnelle  intitulée  La trilogie des Humeurs affectives. Le Bruit de l’autre est une réflexion sur la naissance, le maintien, l’effilochage des liens. Sur ce qui les fait éclore, durer, se détruire, renaitre. C’est la genèse de l’affetto “, l’état affectif en en italien Selon l’autrice transalpine  : “Dans une vie, l’humain s’entête à chercher ces Autres qui provoqueront en lui des sentiments. Cette quête est une chose qui me rassure »

Pour Lucia Calamaro, ces perpétuelles tentatives d’aimer beaucoup, d’aimer tout court, de choyer, de chérir, de chercher et par-fois trouver – ou pas – à qui donner son amour sont profondément émouvantes. “Peut-être témoigne-t-elle du fait que l’humain, bien que fortement replié sur lui-même, ne peut pas encore se passer totalement de l’Autre. Du moins pour le moment”. Du 3 au 7 ocrobre  à l’Atelier de Paris / Centre de développement chorégraphique national.

PERFORMANCE

Nina“, réalisé par la compagnie Fanny & Alexander avec la Soprano Claron Mc Fadden

 La soprane Claron McFadden incarne la figure mythique de Nina Simone, transmettant ainsi l’énergie singulière de celle qui voulait être « la première pianiste noire. » Entre reprise de chansons légendaires, évocation des prises de position politiques mais aussi des déceptions de Nina Simone : “Nina mène les spectatrices et spectateurs à une réflexion sur les questions socio-raciales dans nos sociétés occidentales.  Salle de l’IRCAM 75°04 Paris,  du13 au 16 décembre 2023.

Elvan Zabunyan, historienne de l’Art à l’Université de Rennes 2 en dialogue avec Angela Davis

RENCONTRES

Le Festival parisien n’est pas avare de rencontres passionnantes. Les spectateurs et spectatrices sont en effer invité(e)s à  échanger et penser en commun avec des femmes fortes et dont les voix portes.

À l’image de la réalisatrice Alice Diop (10-12 novembre 2023)  qui vient de remporter le Lion d’argent à la Mostra de Venise pour son long métrage Saint-Omer.

De la militante et écrivaine américaine Angela Davis et de l’historienne de l’art contemporain Elvan Zabunyan  (19 novembre au Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt) qui poursuivront leur échange  entamé en 2020. “Une  réflexion sur l’actualité des arts  qui croise la situation politique mondiale”.

Voire de la philosophe Elsa Dorlin qui répondra aux questions suivantes : “Comment travailler la violence ? Comment la mettre en perspective, en scène et en récit ? Comment la mettre en pièces ?  Les 24 et 25 novembre au Centre national de la Danse à Pantin dans le 93.

 

@Méditerrannéenes Magazine

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