Fawzia Zouari : “Souvent, les femmes s’engagent dans leur écriture”
Fawzia Zouari vient de publier son dernier roman “Par le fil je t’ai cousue” dans lequel elle narre des tranches de vie dans sa Tunisie natale là où se trouvent en vérité les racines de son engagement. Ce dernier roman paru chez Plon le 15 janvier 2022 est sans doute aucun dans la continuité d’un précédent publié en 2016 “Le corps de ma mère” qui avait été récompensé du Prix des cinq continents de la Francophonie.
Romancière et journalste, la native de Dahmani, qui dit souvent qu’elle n’est pas “une femme de rupture mais une femme d’ouverture”, n’a de cesse de batailler pour la cause féminine en Tunisie, en Méditerranée et dans le monde. Comme en témoignent ses quinze ouvrages, romans et essais, publiés en trois décennies. Un engagement qu’elle réitère à chacune de ses sorties publiques. Sous forme d’interviews ou de conférences. Voilà comment elle définissait encore réemment le sens très particulier de l’écriture chez une femme.
“A partir du moment où une femme écrit, il y a une forme de révolte, parce qu’elle franchit une frontière donnée, la frontière de la tribu, de la norme, du clan. A partir du moment où l’on dit “Je”, on est censée ouvrir la fenêtre sur un monde intime qui, pendant des siècles, a été identifié au monde féminin. Les femmes, dès qu’elles dévoilent les choses, dévoilent le clan et toute la tribu. Cette façon de dire “Je” est une manière de faire entrer le lecteur dans le monde intime, et même le lecteur étranger, ce qui pourrait s’apparenter à une sorte de violation de domicile. Et puis bien souvent les femmes s’engagent dans leur écriture, elles donnent à lire l’univers intérieur mais aussi les oppressions, les injustices. C’est comme une voix silencieuse contrainte par les régimes politiques qui, aujourd’hui, veut dire sa solidarité avec les autres femmes“. (Extrait d’un entretien paru dans Terriennes le 24 décembre 2021).
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