Essia Jaibi :  » L’acte créatif doit interroger notre relation à l’environnement »

La Tunisienne Essia Jaïbi a toujours baigné dans le monde du théâtre.  Son père, Fadhel Jaïbi, et sa mère, la comédienne Jalila Baccar,sont des acteur(e), auteur(es) et réalisateur et réalisatrice de talent qui ont tant donné à la production culturelle dans  leur pays. En dehors de ses propres créations,nombreuses depuis 2015, la native de demeure très attirée par la formation. Histoire de prolonger la tradition théâtrale déjà forte du côté de Carthage.

Dès 2016, elle avait confirmé cette envie de transmissio  :  » Je souhaite développer en Tunisie une formation supérieure consacrée aux Métiers de la Culture et de la Médiation, en m’inspirant des formations que j’ai moi-même eu la chance de suivre durant mes années d’étude à Paris. J’aimerais ainsi permettre aux jeunes passionnés par la culture et les arts, et qui ont envie d’en comprendre les rouages et de contribuer au développement d’une véritable politique culturelle Tunisienne, d’y parvenir dans leur propre pays ».

Joli programme qu’elle a suivi sans ciller depuis. Essia Jaïbi est à l’origine de quelques pièces qui ont marqué les planches dans son pays et à l’étranger. Avec entre autres : « Une chambre à elles « , La nuit des étoiles ,  « Black Forest, « On la refait« , « Madame M. »… « Flagranti ‘ (Flagrant Délit), « Métamorphose #2″…  

L’artiste est  clairement fascinée   par « l’interaction entre les Arts Vivants et la Cité. »  Selon elle, c’est une occasion formidable de comprendre  »  les complexes et les complexités de la société tunisienne post révolutionnaire et les aspirations des  nouvelles sgénérations ». Lorsqu’elle affirme dans l’extrait ci-dessous que l’acte créatif  doit impérativement interroger notre relation à l’environnement » elles reste donc fidèle à  ses principes éditoriaux.

  Lien professionnel :  https://essiajaibi.com/about/ 

 

Photo : Une scène de la pièce intitulée  » Madame M. » » Je pense que n’importe quel sujet traité sur scène doit intégrer une dimension écologique, car l’acte créatif et le processus de création doivent intrinsèquement interroger notre relation à l’environnement. Est-ce qu’on est responsable dans notre manière de créer ? Est-ce qu’on est responsable dans notre manière de nous déplacer ? Est-ce qu’on est responsable dans notre manière de fabriquer des décors ? Est-ce qu’on est responsable dans notre manière d’éclairer nos spectacles ? Ce sont des réflexions indispensables chez l’artiste. Par ailleurs, il est crucial de voir ces thématiques se refléter de plus en plus dans nos productions artistiques, et je m’engage résolument dans cette direction.

 

 » Il y a une thématique qui m’attire particulièrement et qui, pour moi, est urgente et que j’intègre maintenant de plus en plus dans chacun de mes spectacles, c’est celle de l’eau. Quand on vit en Tunisie aujourd’hui, on sent qu’il y a un vrai problème d’eau depuis quelques années. C’est une crise qui ne cesse de s’aggraver, et qui reste pourtant sous-estimée et insuffisamment traitée. Il s’agit d’une urgence, mais il n’y a pas de réelle prise de conscience à grande échelle. Comme avec Flagranti et d’autres spectacles, pourquoi ne serait-ce pas le théâtre qui porte cette question au cœur des débats ? Le théâtre a justement cette capacité unique de susciter une prise de conscience profonde et durable, qui peut compléter et enrichir les approches académiques, médiatiques et familiales. En abordant ce sujet sur scène, nous pouvons créer une expérience esthétique, textuelle et dramaturgique puissante et engageante. »

(Propos extraits d’un entretien paru dans le magazine trimestriel Africulture daté du mois de décembre 2024)

 

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