Meryam Joobeur, une réalisatrice à suivre

Douée pour le cinéma, Meryam Joober l’est incontestablement. La jeune réalisatrice tunisienne installée au Canada n’en est certes,  avec « Mé el Ain » ‘Là d’où l’on vient », qu’à son premier long métrage. Mais l’histoire retient l’attention, le scénario est  riche en audaces et trouvailles et n’est à peine terni que  par quelques maladresses souvent provoquées par excès d’enthousiasme. Le film  est sorti en salles à Montréal en novembre et a connu un joli succès d’estime. Mais dès c’est  février 2024, qu’il a   été nommé dans la courte liste des prétendants à l‘Ours d’or du 74e festival de Berlin.

Il faut reconnaître que l’année 2024 n’a été pour ce film  qu’une cavalcade habillée d’honneurs et de distinctions  multiples. Comme le Prix de la meilleure réalisation au Festival de Hong Kong, le Grand Prix au Festival de Taipei ou bien le prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique lors du Festival de Carthage l’été dernier  24. En novembre, c’est au tour du Festival d’El Gouna (Egypte) de lui décerner  le prix du meilleur film de fiction arabe  ex aequo avec  Thank You for Banking With Us! de la Palestinienne Laila Abass.

L’autre aboutissement à venir  pour la réalisatrice  et l’équipe  est la  sortie en fanfare en Tunisie le  15 janvier 2025.Les Tunisien(ne)s féru(e)s du 7e art pourront enfin découvrir l’oeil de Meryiam Joober, celle-là même qui avait fait un tabac en 2020 en participant à la course à  l’Oscar du meilleur doumentaire  avec son beau « Brotherhood« qui narrait les dérives de la radicalisation dans le monde.Le court métrage a été sélectionné par 160 festivals et a reçu 75 récompenses.

Meryam Joober a eu l’occasion de raconter la  génèse de  la première fiction  de sa carrière dans un long entretien accordé aux médias lors de sa sortie  et a rappelé qu’il est en quelque sorte la prolongation naturelle et presque obligée de « Brotherhood:  » Tout a commencé, raconte-t-elle,  en février 2017 de la manière la plus improbable qui soit, se souvient la réalisatrice. Il a commencé par un voyage en voiture à travers le nord de la Tunisie avec mon directeur de la photographie et collaborateur créatif de longue date, Vincent Gonneville.

 » Nous avons roulé sans direction précise et, un jour fatidique, nous avons rencontré deux frères, Malek et Chaker Mechergui, alors qu’ils menaient les moutons de leur père au pâturage. En poursuivant notre voyage, nous avons découvert que dans cette région de la Tunisie, surtout après la révolution tunisienne, un nombre important d’hommes étaient partis en Syrie pour rejoindre Daech.

« J’ai commencé, a ajouté la native de –  à penser aux familles des jeunes hommes qui partent, au déchirement, à la honte et à l’immense confusion qu’elles éprouvent. Motivée par ces réflexions, j’ai écrit le scénario pour un court métrage qui explore cette perspective et j’étais déterminée à ce que Malek et Chaker jouent dans le film. Et nous avons tourné Brotherhood en 2018. Pendant le tournage, mon attention s’est portée sur les personnages féminins au sein de la famille — la mère et l’épouse syrienne ramenée à la maison par le fils. Cette fascination a donné naissance au long métrage «Mé el Aïn».  De l’utilité de l’expression  » avoir de la suite dans les idées.

@Fayçal CHEHAT

Le synopsis

« Aicha, la femme d’un berger près de la côte tunisienne, est hantée par le départ de ses deux fils Mehdi et Amine. Elle tente de taire la vérité sur leur engagement terroriste auprès de son plus jeune fils Adam, pendant que son mari Brahim se renseigne sans trop d’espoir auprès des autorités sur d’éventuelles nouvelles de leurs fils aînés. Le policier Bilal, un ami de longue date de Mehdi et Amine et quasiment le seul homme de sa génération à être resté dans sa région natale, remplace tant bien que mal ses grands frères auprès d’Adam. Quand Mehdi revient sans prévenir à la ferme familiale avec son épouse Reem, voilée et muette, ce retour du fils prodigue prend une tournure des plus inquiétantes.’

 

 

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