Espagne :Jenni Hermoso avait dit non !

Dimanche dernier, l’équipe nationale féminine d’Espagne de football était devenue championne du monde pour la première fois de son histoire. Alors que le peuple ibère avait à peine commencé à fêter ce sacre inattendu mais tellement mérité, soudain le scandale éclata.Le mal est venu de l’intérieur de la famille et du fait même de l’homme qui avait la responsabilité de cette famille.

En effet, le président de la fédération espagnole de football (RFEF ),Luis Rabiales, commettait l’irréparable, lors de la remise des médailles aux championnes du monde à Sydney, en embrassant sur la bouche l’attaquante  Jennifer Hermoso.

Un geste inapproprié et dénoncé  par l’athlète. Une scène incroyable et une agression sexuelle transmise en live par toutes les chaines de télévision du monde accréditées en Australie et en Nouvelle-Zélande, les pays hôtes de l’événement. Aussitôt vue, l’image déclencha une tempête de protestations indignées et habillées d’incrédulité.

Jennifer Hermoso, 33 ans, brandissant le trophée mondial quelques minutes avant l’agression signée luis Rubiales

En Espagne bien sûr mais dans de très nombreux pays aussi.Devant le tollé général, Luis Rabiales tenta de justifier son geste en affirmant: « Dans un moment de plus en plus fusionnel, sans aucune mauvaise intention, sans aucune mauvaise foi, eh bien il s’est passé ce qui s’est passé”.

De son côté la joueuse du CF Pachuca, un temps sonnée par la déflagration causée par ce scandale, monta au créneau pour défendre son honneur :“Je tiens à préciser que, comme le montrent les images, à aucun moment je n’ai consenti au baiser qu’il m’a donné et, bien entendu, en aucun cas je n’ai cherché à soulever le président. Je ne tolère pas que ma parole soit remise en question, et encore moins qu’il s’agisse d’inventer des mots que je n’ai pas prononcés.  Je me suis sentie vulnérable et victime d’une agression, t-elle posé sur les réseaux sociaux, d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de ma part ».

Pour Jennifer Hermoso, tout cela est dans la continuité d’un système basé sur la manipualtion : ” Les déclarations de Luis Rubiales sont catégoriquement fausses et font partie d’une culture de la manipulation qu’il a lui-même générée“.

La native de Madrid passée par le Paris SG et le FC Barcelone (105 sélections, 51 buts ) ajoute qu’elle a été mise sous pression depuis le début  de ce scandale et que même des membres de son entourage  ont été “approchés pour protéger le président de la RFEF”.

Six jours après  les faits et alors que le boss du football espagnol continue de faire de la résistance face aux appels à la démission lancés par les plus hauts dirigeants du pays, des personnalités du monde politique, social, économique et culturel, ce sont les 23 joueuses de la sélection titrée à ssdney qui accélèrent le mouvement.

En annonçant ce vendredi dans un communiqué relayé par le syndicat Futpro qu’elles refuseraient de porter les couleurs de la sélection  tant que la direction actuelle  du football ibérique reste en place. Pour le moment, les internationales ont été suivies par plus de 60 autres  joueuses de la ligue professionnelle.

Le plus terrible dans cette affaire, c’est le comportement arrogant du président et le soutien dont il a bénéficié de la part de l’institution faitère du football espagnol cinq ou six jours après les faits : “La RFEF et le président (Luis Rubiales) vont prouver chaque mensonge publié par qui que ce soit au nom de la joueuse ou, si c’est le cas, par la joueuse elle-même. Et engager des procédures judiciaires pour défendre la version du président”.

             Le #MeToo du football espagnol sera un changement

Plutôt silencieuse jusque-là, la Fédération internationale  (FIFA) a décidé in fine de suprendre à titre transitoire Luis Rubiales : “Nous avons décidé aujourd’hui (vendredi ) de suspendre provisoirement M. Luis Rubiales de toute activité liée au football au niveau national et international“.

Une suspension qui durerait au moins 90 jours, dans l’attente de l’avancée des procédures ouvertes contre le dirigeant espagnol. La FIFA interdit aussi à Luis Rubiales et à la fédération espagnole d’entrer en contact avec Jennifer Hermoso et son entourage.

A noter les mots forts prononcés  vendredi 25 août dans une conférence de presse par Victor Francos, le secrétaire d’Etat aux Sports espagnol:

Victor Francos : le secrétaire d’Etat aux sports parle d’un #Metoo espagnol concernant l’affaire du baiser volé à a joueuse Jennifer Hermoso

Nous sommes prêts à ce que ce soit le #MeToo du football espagnol et à ce que ce soit un changement. Avec émotion, je vous demande, en tant que responsable du sport espagnol, de vous excuser auprès des joueuses car elles ne méritaient pas cette semaine...

“Aujourd’hui, ce triomphe a encore plus de mérite que lorsqu’elles l’ont obtenu. Aujourd’hui, ce n’était pas le jour pour attaquer, c’était le jour pour prendre du recul, pour s’excuser et pour être un peu plus en phase avec ce que la société demande“.

Dans la foulée, le parquet de Madrid  a pris la décision de lancer une procédure d’enquête contre Luis Rubiales pour “agression sexuelle présumée sur la joueuse espagnole”. Il appartiendra maintenant au ministère public de l’Audience nationale (organe de justice national espagnol) d’étudier l’affaire et d’admettre la plainte ou de la classer sans suite.  En réalité l’affaire ne fait que commencer.

@Fayçal CHEHAT

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