Emel Mathlouthi: “Mra”, un album 100% femmes
En ce printemps 2024, Emel Mathlouthi fait l’actualité musicale internationale en publiant un nouvel album intitulé “Mra“, qui signifie femme en arabe. Un titre significatif alors que le combat des femmes est entré dans une période décisive pour l’avenir de l’égalité entre les sexes et et les genres.
L’oeuvre éditée par Yotanka Records est disponible depuis le 19 avril et a demandé quatre ans d’effort à cette chanteuse de folk reconvertie, le temps d’un album, en une adepte du hip hop, du rap et même de l’électro. Séduite par cette nouvelle création Radio Nova affirme que cet ” album est un melting-pot musical où chaque chanson est unique, un témoignage. « MRA » est un album qui déborde d’énergie, de diversité, et de combats pour l’égalité des femmes à travers la musique.
Une nouvelle preuve d’engagement et de solidarité active que la native de Tunis démontre en faisant de la place à six autres artistes dans son album. À l’image de Camelia Jordana (France), Nayomi Van Brunt ( Etat-Unis) Justina (Angleterre), Alyona (Ukraine) Ami Yerewolo (Mali)
Vivant désormais dans la “Big Apple, la Tunisienne s’était faite connaître pendant la “Révolution du jasmin” qui a démarré en Tunisie à l’automne 2011. avant d’essaimer dans la région . En effet, sa chanson “Kelmti horra” – Ma parole est libre” avait envahi son pays comme une trainée de poudre mais aussi une bonne partie de l’Afrique du Nord durant ce qui fut appelé “Printemps arabe”.
Vint alors le temps de l’exil qui l’enmena de la Tunisie à la France puis aux Etat-unis . Avec un envol de sa créativité concrétisée par quatre albums successifs. “Kelmti Horra” (2012), “Ensen” (2017), Verywhere We Looked Was Burning ( 2019), “The Tunis Diaries” (2020) et des rencontres multiples et variées avec d’autres icônes internationales tels David Bowie, Nirvana, Lenoard Cohen…
Mais sa réputation internationale, construite sur la base d’engagements politiques indiscutables, comme la cause palestinienne ( elle a chanté à Ramallah en juillet 2023), certains dans son propre pays ont cherché à l’écorner sous le prétexte qu’elle avait donné la même année un concert à Jerusalem où elle avait pourtant brandi le drapeau palesti- nien et chanté habillée du vêtement traditionnel des femmes de Ramallah.D’autant que le concert en question a été organisé à Jerusalem l’a été par des Palestinien.
Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique en août 2023 au lendemain de l’annulation de son invitation par les organisateurs du Festival de Hammamet, celle qui avait dès le début de sa carrière annoncé la couleur en affimant être influencée par les chanteurs protestataires arabes, Cheikh Imam et Marcel Khalifé, ne veut surtout pas être dupe.La raison de ces attaques réside ailleurs.
Au commencement, il y a eu “Kelmti horra” ( Ma parole est libre )
L’auteure de “Wein a Ramallah “estime que dans son pays les caciques, les conservateurs et les défenseurs du système patriarcal lui en veulent surtout parce qu’elle est une femme dotée de véritables et fortes convictions : “C’est toujours plus facile de s’attaquer à une femme. Nous évoluons dans un environnement misogyne et assez patriarcal. Personnellement, je fais toujours les frais d’être une femme, une femme indépendante, libre, qui dit tout haut tout ce qu’elle pense et qui se bat pour ses idées, une femme qui assume, ne se cache pas. Je n’ai pas peur, je m’exprime et je suis mes ambitions. Tout cela compose un cocktail qui dérange, qui réveille les rancœurs masculines. Sans compter que beaucoup de femmes, elles-mêmes, reproduisent malheureusement le modèle patriarcal.”
@Fayçal CHEHAT
* La Tunisienne s’apprête à réaliser une grande tournée internationale dont voici les premières dates :
18.05.2024 RIS ORANGIS (91) Le Plan
20.05.2024 AMSTERDAM (NL) Paradiso
21.05.2024 LONDON (UK) Jazz Café
24.05.2024 EVORA (PT) Inmaterial Festival
26.05.2024 HELSINKI (FI) World Village Festival
26.07.2024 BERLIN (DE) Humboldt Forum
27.07.2024 MALMESBURY (UK) Womad
30.07.2024 BREST (29) Le Bout du Monde
31.07.2024 LORRACH (DE) Stimmen
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@Fayçal CHEHAT
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