Elif Shafak: l’universalité d’une romancière turque
Elif Shafak est une immense romancière et femme de lettres. À 53 ans seulement, elle a déjà beaucoup publié – trente romans – et connait un succès incroyable. Son dernier roman intitulé ” There Are Rivers in the Sky” aux éditions Pinguin est une déferlent quelques semaines après avoir trouvé sa plac” dans les lbrairies. Qui dépasse plus que largement son pays d’origine, la Turquie. Si elle est installée depuis longtemps à Londres, son influence est internationale. La plume, le savoir et l’érudition de cette diplômée en relations internationales de la Middle East Technical University d’Ankara lui ouvrent toute les portes et toutes les collaborations prestigieuses.
Tant avec les universités les plus prestigieuses qu’avec les grands médias en Angleterre, aux Etats-Unis ou en France entre autres pays de grande influence culturelle. Et le roman n’est pas sa seule source d’inspiration. Elif Shafak, fille de la philosophe Nuri Bilgin et du diplomate Shafak Atayman participe également et régulièrement à l’écriture de scénarios pour les principales plateformes ainsi qu’à des textes pour les musiciens(e)s de rock.
Celle qui ne cache pas la place qu’occupe le mysticisme, y compris le soufisme, dans sa façon de voir la vie et le monde,est bien sûr une féministe convaincue et active. Comme elle a su le prouver en signant le magnifique roman La Bâtarde d’Istanbul, édité en Turquie en 2006 sur un thème brûlant tel que le génocide arménien vu à travers des regards féminins qui, logiquement, n’a pas été du goût du pouvoir turc.Ce qui avait causé à la romancière engagée de sévères ennuis avec le pouvoir d’Ankara.
D’autres sujets, devenus incontournables, pour ne pas dire traumatisants, l’intéressent aussi et mobilisent sa créativité à l’image de la crise migratoire, des conflits liés à la sécheresse et la pénurie d’eau qui frappent des régions entières en Asie et en Afrique particulièrement, le réchauffement climatique.
Elle évoque d’ailleurs avec des morts forts ses inquiétudes dans un récent et puissante entretien accordé au quotidien espagnol El Mundo à l’occasion de la sortie de “There Are Rivers in the Sky” : ” Tout le roman a commencé avec une goutte de pluie. Je voulais voir si je pouvais construire un univers entier à partir de quelque chose d’aussi petit. Quand on parle de crise climatique, on parle essentiellement de crise de l’eau douce. À l’heure où les inondations et les pluies torrentielles secouent l’Europe, il est très facile de penser qu’il y a beaucoup d’eau, mais l’ironie est que c’est justement la C’est le contraire qui se produit : il n’y a pas assez pour tout le monde à cause de la manière dont nous traitons cette planète“.
Et l’auteure n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat en expliquant que pour elle le non respect de la nature par les hommes est pourbeaucoup dans la dégradation climatique : “Les humains traitent la nature avec beaucoup d’arrogance et ce sera notre chute, a-t-elle affirmé en début de semaine dans un entretien publié dans les colonnes du quotidien espagnol El Mundo.
Avant d’ajouter : Pour ceux d’entre nous qui viennent du Moyen-Orient, il ne s’agit pas d’un débat abstrait, mais d’une réalité aiguë. Parmi les 10 nations du monde avec le “Le plus grand stress hydrique, on en trouve sept au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nos rivières s’assèchent, elles meurent, et cela a des conséquences dramatiques”, “Chaque fois qu’une rivière meurt, il y a plus d’extrémisme politique dans cet endroit, plus de conflits. Le manque d’eau affecte négativement tout, la pauvreté, le chômage, l’espérance de vie… Cela a d’énormes conséquences sociales, politiques et économiques”.
Des paroles, rien que des paroles, de la fiction formidablement maîtrisée par une plume des plus talentueuses ?Non, car Elif Shafak renvoie les contempteurs de la littérature à leurs chères études en rappelant le rôle essentiel joué par cet art dans l’histoire des civilisations humaines.: « Nous, écrivains, affirme-t-elle, devons raconter les silences de l’Histoire, donner la parole à ceux qui n’en ont pas.Être écrivain, c’est un peu comme être archéologue. Il faut plonger dans des couches d’histoire et des couches de silences pour trouver et déterrer des histoires inédites.”
@Fayçal CHEHAT
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