Dina El-Wedidi, son lumineux « Cinq saisons »
Dina El-Wedidi avait gagné l’estime, le respect voire l’amour des mélomanes égyptiens, des villes comme des campagnes, dès 2014 avec son premier opus, Manam (Sleep). Fruit d’une période de trois ans de travail intense.Une fusion heureuse de musiques traditionnelles égyptiennes, jazz et musique électronique.
Mais cette fois,la crooneuse du pays des Pharaons, Dina El-Wedidi, passe clairement à l’étage supérieur en commetant un deuxième album intitulée « Khamass Fossoul » (Cinq saisons) où elle s’attaque à un énorme chantier: celui de la musique bédouine.Un bastion traditonnellement quasi exclusif des hommes.
L’audace, la tenacité, le talent, le sens de la synthèse, la connaissance technique de l’art musical, les qualités de ses textes ont frappé les esprits bien au-delà des frontières de son pays voire de l’aire régionale qu’est le Moyen Orient.Désormais, c’est l’Amérique, si forte à sentir l’arrivée de nouvelles tendances et la percée des stars de demain, qui nous la présente comme la pépite à ne pas manquer.

En effet, TIME Magazine vient de l’inclure dans une liste d’une dizaine de talents appelés à devnir la prochaine génération de leaders toutes activités confondues. Il faut noter tout de même que Dina El-Wedidi s’était déjà faite connaître du public américain lors d’une tournée en compagne du célèbre Gilberto Gil. Bien avant qu’elle concocte son premier opus.
C’était en 2013 à l’occasion de l’événement Rolex Arts Mentor et le mentor brésilien avait pris la jeune Égyptienne (26 ans à l’époque) sous son aile impressionné par son dynamisme créatif , son engagement politique et social ainsi que ses ambitions. Tant d’argument qui lui avait rappelé le fougueux artiste qu’il était quarante ans plus tôt.
Dans une pasionnante interview croisée publié à l’époque par le magazine hebdomadaire français l’Express, Dina avait évoqué son engagement pour les droits et les liberté durant la révolution égptienne qui avait contraint le président Morsi à quitter le pouvoir: » J’ai été identifiée comme activiste par la police égyptienne. Figurer sur ce genre de listes veut dire subir des menaces et en faire subir à sa famille… En tant qu’artiste, j’ai des problèmes pour m’exprimer et pour gagner ma vie ».

Mais avait-elle ajouté, bravache, il n’est pas question de s’exiler sous la pression.C’est dans son pays qu’elle veut rester vigilante et debout : « Je ne veux pas partir! Je chante une fois par semaine dans les prisons. Et j’ai mis en place un projet d’apprentissage de la musique et du théâtre pour les enfants des quartiers défavorisés du Caire. J’ai besoin de faire face à mon pays, à mon histoire. Ma génération doit être présente, elle ne doit pas fuir. Je rêve de voyager, mais je veux que mon public soit avant tout égyptien. Et, quand je pense à Gilberto Gil, je me dis que j’aimerais suivre ses pas, avoir un rôle politique. Je ne baisse pas les bras ».
De cette expérience exceptionnelle, la native de Guizeh a aussi compris qu’en continuant de faire ce qu’elle sait faire à savoir chanter, créer, innover, s’ouvrir au monde, était aussi la meilleure manière de remporterla bataille des libertés.
L’album « Cinq saisons », qui est le fruit de cette réflexion est composé des titres suivants : Balaleen (Ballons), Washwesh Elwadaa (Whisper to the Shell), El-Magd (Gloire), Metgharbeen (Alienated).
S’il n’a été dévoilé au public que le 23 avril 2023, Khamess Foussoul, raconte son auteure, a été pensé, façonné, poli comme un diamant durant la crise du coronarivus. Ce qui explique la sensibilité si forte et si particulière que dégage l’incandescent album.
« Ces émotions, dit-elle, varient entre l’égarement, l’abandon, l’espoir et la gratitude. Chaque chanson porte la personnification d’un sentiment et d’une situation très particuliers, comme s’il s’agissait d’un chapitre de vie, d’où le choix du titre Five Seasons ».
Il faut reconnaître que la musicienne, ancienne comédienne, guitariste et joueuse de duff a réalisé un vrai tour de force en étant à la barre de toutes les étapes de la réalisation de son album. En tant qu’auteure et compositrice des textes et de la musique. Pour la première fois de sa jeune carrière, elle a était productrice de son propre album. Ce dernier rôle est sans doute celui qui l’a le plus rendue fière.
Ainsi qu’elle l’a confié cette semaine, notamment dans les colonnes d’Al Ahram, le plus grand quotidien d’Egypte et du monde arabe : « Je pense que travailler en tant que producteur a été mon plus grand défi dans cet album. J’ai dû réunir toute l’équipe avec des membres qui ne se connaissaient pas au préalable, et faire en sorte que l’album ait une âme uniforme, même si chaque chanson représente un style différent dans ses mélodies et ses paroles. Ce n’était pas une tâche facile. Mais, heureusement, les chansons ont été bien accueillies par les auditeurs, un fait qui m’a beaucoup réconforté ». C’est donc en véritable capitaine, leader habile et innovant, qu’elle a su mener son navire à bon port: le port de l’excellence.
Longtemps considérée comme LA représentante de la musique underground en Egypte, Dina El-Wididi compte désormais bien s’intaller sous les sunlights de la scène mondiale. Sans jamais renier ses valeurs, ses engagements, ce qu’elle est et tout ce en quoi elle a foi. On veut le dit c’est une artiste formidable
@Fayçal CHEHAT
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