Wafa Ghorbel : “on ne choisit pas la langue dans laquelle on fait ses rêves”

Interrogée par la journaliste égyptienne Lamiaa Alsadaty pour commenter la traduction en français de son roman”Le Jasmin Noir“, initialement écrit en arabe en 2016, la romancière tunisienne Wafa Ghorbel a évoqué ce  qui l’avait incité à faire de la langue française un mode d’expression pour ses créations. La native de Sfax a également parlé du modèle social et littéraire et de  l’accueil qui pouvait lui être réservé, favorable ou pas, par deux publics très différents.

A Noter  que la romancière est également  chanteuse et parolière. Docteur en litterature, elle avait soutenu avec succès une thèse intitulée Le Mal dans l’œuvre romanesque de Georges Bataille à  l’université Sorbonne Nouvelle,  F.C

Enfant, l’arabe m’était plus proche. Mais j’avais en tête la francophonie comme modèle social et littéraire. J’étais même habitée par le désir de décrocher une bourse pour poursuivre mes études en France. Et après avoir vécu huit ans en France, entre master et doctorat, les mots me viennent plus facilement et plus naturellement en français. Il m’est plus facile de m’exprimer sur certains sujets en français qu’en arabe, parce que le français c’est l’épiderme, c’est comme un masque, mais pas dans le sens superficiel du mot, c’est ce qui me permet de me cacher, de me protéger comme un bouclier, sans me dénuder autant que l’arabe…

“Il y a deux catégories de lecteurs : ceux qui sont à la fois francophones et arabophones, et ceux qui sont uniquement arabophones et qui rejettent complètement la francophonie. A mon sens, à partir du moment où on ne maîtrise pas une langue, on la rejette. Cette catégorie ne cesse de répéter toujours la même question : comment cela se fait-il que tu t’exprimes en français, alors que tu es musulmane, arabe et tunisienne ? Je leur réponds alors que le français n’est pas un choix. C’est comme lorsqu’on rêve. On ne choisit pas la langue dans laquelle on fait ses rêves...”

(Propos extraits de l’entretien accordé au magazine égyptien Al Ahram-Hebdo daté du 16 juin 2023).

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