C’est avec son expositon qui fait appel a un panel d’expressions plastiques, vidéo, photographie, film, installation ou encore objets et sculptures. que l’artiste franco-algérienne Zineb Sedira présente à la Biennale de Venise , au pavillon de la France, son oeuvre polyphonique intitulée » Les rêves n’ont pas de titre« . Cette création originale a pour sujet premier les tournages des années 1960 et 1970 en Algérie, après l’indépendance, quand plusieurs réalisateurs sont venus y travailler. De France et d’Italie, notamment.
Zineb Sedira, qui s’intéresse à la mémoire et aux identités, devient ainsi la première artiste issue de l’émigration à avoir ce privilège de représenter la France dans une biennale de ce niveau. Entre fiction et documentaire, sa performance est nourrie de ces va-et-vient spatio-temporels entre l’Algérie, la France et l’Angleterre sa terre d’accueil actuelle.

Dans un entretien dense et passionnant accordé au magazine de Institut Français, Zineb, qui a grandi à Genevilliers en proche banlieue parisienne, raconte combien le fait d’avoir traversé le Channel lui a permis de faire évoluer son travail artistique tout en conservant les fondamentaux que nous citons plus haut: mémoire et identités. » Venant d’une famille d’origine algérienne, dit-elle, née pendant la colonisation, je me suis tout de suite intéressée aux questions post-coloniales. Pour moi, il était naturel d’utiliser l’histoire de mes parents pour parler des thèmes qui me touchaient. Quand je suis devenue mère au début des années 1990, j’ai voulu raconter, mais aussi transmettre, leur expérience à mes enfants et je me suis demandé comment leur faire connaître cette identité algérienne et française. À Londres, mes références étaient des artistes issus de l’immigration, souvent d’origine afro-caribéenne, indienne ou pakistanaise, que je rencontrais durant mes cours d’art. Avec eux, je pouvais comparer mon vécu au leur, mais aussi découvrir une histoire à la fois similaire et différente, où nos récits se rejoignaient. J’ai eu une chance inouïe de pouvoir travailler en Angleterre qui est reconnue pour son côté précurseur sur les théories post-coloniales« .

Il faut préciser tout de même qu’en dehors de la décennie noire provoquée par l’irrésistible ascension de l’islamisme radical, Zineb n’a jamais coupé les ponts avec son pays d’origine. Au contraire, elle s’est toujours nourrie de l’héritage familial et historique. Passionnée de cinéma depuis son plus jeune âge, grâce à un père cinéphile, l’artiste met en avant les liens qui unissent l’histoire de trois centres de l’avant-garde cinématographique des années 60-70 à Venise, Alger et Paris, d’où sont nées de nombreuses et fructueuses coproductions.
D’ailleurs, en 2011, Zineb Sedira monte la fondation ARIA (Artist residency in Algiers), pour aider les artistes à venir en Algérie pour faire des recherches et développer des projets, tout en réalisant des échanges avec des artistes locaux.
Pour rappel, Le Pavillon français à la Biennale de Venise est produit par l’Institut français, en partenariat avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et le ministère de la Culture.
@Méditerranéennes
Zineb Zedira, “Les rêves n’ont pas de titre”, du 23 avril au 27 novembre au pavillon français de la Biennale de Venise.
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