Bad Gyal, la « féministe du reggaeton « 

Bad Gyal,  de son vrai nom Alba Farelo Solé, est actuellement une des attractions sinon l’attraction de la scène espagnole. Avec  des sonorités qui tiennent à la fois du reggae, r’n’b, dancehall et du reaggaeton universel. Fan compulsive mais respectueuse des musiques venues de Jamaique, elle chante depuis deux lustres, alors qu’elle n’accuse civilement que 27 ans.

La native de Vilassar de Mar, petit port catalan, non loin de Barcelone, est dans  une actualité  brûlante avec la sortie internationale  de  La Joia, un opus dcoumentaire sur sa vie réalisé par la plateforme Prime Video, dans la foulée de l’édition de son album éponyme. Alors qu’elle n’est pas encore entrée dans sa trentaine, Bad Gyal  a la réputation d’être à cheval sur les principes quand il s’agit de ses valeurs et de son image. Surtout lorsque leur transcription  est  confiée à une tierce partie.

Et il n’en fut pas autrement avec la plateforme américaine. Ainsi qu’elle l’a expliqué  aux médias espagnols :  » Quand j’ai signé mon contrat, la négociation a été longue et j’ai beaucoup insisté pour avoir le dernier mot sur tout. Voici comment il le met dans une clause : je décide de ce que je veux faire. Je ne ferai jamais quelque chose que je ne veux pas parce que c’est explicitement écrit. Je me suis très bien couvert, tout le monde sait qu’il ne peut pas aller plus loin car le dernier mot nous appartient. J’ai renoncé aux gains financiers pour que cela soit assuré.

« La Joia », un succès magistral

Le magazine digital hiersoiraparis.com, qui la suit depuis longtemps, écrivait il y a quelques semaines au sujet  de sa musique toujours en progesssion:  « Elle nous délivre des clips toujours plus fous, plus travaillés, avec plus de budget, une plus grande qualité, des scénarios, une identité visuelle et une assurance qui saute aux yeux et aux oreilles. On sent également que ce n’est qu’une étape parmi d’autres, que ce n’est qu’un début et que ses ambitions sont extensibles. Plus elle en a plus elle en veut, plus elle donne plus elle reçoit, plus elle vise haut. Comme un diamant brut qu’on taillerait, la marge de perfection est infinie et multiple. »

Le premier indice sur son immense talent est donné en 2016 grâce au titre  “PAI” qu’elle  chante en catalan, sa langue maternelle. Essai transformé en une première vague augmentée et bienvenue  forte de 4 millions de vues sur les réseaux sociaux. Pas mal du tout pour une étudiante obligée, pour subenir à ses besoins, d’avoir souvent deux  jobs à la fois.

Et durant cette année 2024, qui touche à sa fin, la voilà qui offre à l’Espagne et au monde son premier grand exploit musical avec « La Joie » ( La Joie). En quelques années, elle a gagné en expérience ainsi que le respect des maîtres de cette musique.

Il faut dire qu’elle  a su s’entourer des meilleures compétences  pour arriver à une telle performance. À l’image de  de l’Américain Tommy Lee Sparta  ( “La Que No Se Mueve”) ou  de l’ hispano-marocain Morad  (“Así Soy”). Entre autres talents mondialement connus. Fan inconditionnelle des stars de la grande île caraibeenne, à l’image de Vybz Kartel  et Gaza Slim.

Le saut qualitatif est résumé dans les chiffres atteints par le titre  “Chulo Pt. 2” qui  totalise 200 millions d’écoutes sur Spotify  depuis lété 2023.  Une oeuvre aussi puissante que caliente en collaboration avec deux voix féminines unanimement reconnues dans l’univers du  reggaeton planétaire. En  l’occurrence   Tokischa (République Dominicaine )  et Young Miko (Porto Rico)

 » J’ai déjà mangé ma merde… »

Bien sûr le tableau serait trop beau, s’il n’y avait pas,  comme cela arrive souvent aux artistes iconoclastes, des oppositions farouches. En Espagne,  mais aussu et surtout dans les terres  sacrées du  reaggaton, l’on reproche  à l’impétueuse catalane  de ne pas avoir le bon pedigree pour endosser cet habit. À savoir qu’elle n’a pas connu  la dure expérience de la vie dans la rue comme cela est souvent le cas sur les terres naturelles de cet art musical.

La réponse de  la Catalane, qui ce targue de ne jamais tendre la joue pour recevoir la gifle, se fait cinglante dans les colonnes  du quotidien espagnol El-Mundo auquel elle a accordé un grand entretien le 14 décembre : « . De ce côté-là, j’ai mangé ma merde et j’apprécie grandement la chance que j’ai maintenant. J’ai passé de nombreuses années à nettoyer les salles de bains, à préparer des cocktails, à vendre des miches de pain, à m’occuper des enfants… tout en combinant cela avec la connaissance de moi-même et la poursuite de mon rêve. Les gens peuvent voir qu’il a fallu manger un peu de merde pour très bien goûter ce que nous avons aujourd’hui. (…)

 » Certes, je ne vais pas prétendre que j’ai vendu des joints ou que je me suis consacrée au vol. Mais ce stéréotype vient de pays comme les États-Unis et Porto Rico, où les jeunes enfants qui n’ont pas d’opportunités ni même une assiette de nourriture à la maison vont commettre des crimes. Je n’ai pas ce vécu de la rue, mais j’ai celui d’une fille normale issue d’une famille espagnole moyenne qui a été touchée par cette putain de crise. Je me considère toujours chic et privilégiée, mais j’ai mangé ma merde et je sais ce qu’est le monde réel. J’accepte qu’on dise que je suis chic, mais pas que je suis déconnectée de la réalité et de ce que vivent les jeunes, parce que je l’ai vécu ». Et pan sur le bec. Bad Gyal, a du talent musical, une voix et des convictions. Mais elle possède aussi un  sacré sens de la répartie.

@Fayçal CHEHAT

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