Aurelia Khazan, talentueuse et solaire

Une rencontre avec Aurelia Khazan ne laisse jamais indifférent ceelle ou celui qui a la chance de croiser son chemin. Tant  elle diffuse des ondes positives  dans l’espace où elle se trouve.  En préparant cet entretien, j’ai  pu retracer son jeune et pourtant déjà  riche parcours. J’ai découvert une artiste aux talents multiples  dotée d’une volonté puissante de réussir toutes les expériences qu’elle tente et toutes les  aventures qu’elle finit souvent  par habiter.

Polyglotte, Aurelia est actrice, chanteuse, musicienne, réalisatrice, maîtresse de cérémonie  dans de gros évènements etc.  Si son  engagement social et humanitaire et son intérêt pour les autres  sont réels, ils  gardent le sceau de  la discrétion. La générosité et la gentillesse  de la Francilienne sont sans frontière. Enfin, derrière sa beauté, naturelle, lumineuse et élégante, campe solidement une âme solaire. Tel un phare gardien de la raison. Paroles d’une femme inspirante et tellement attachante. F.C

 

Bonjour Aurelia. Avant de pousser plus en avant notre entretien. J’aimerai poser une question sous forme de constat. Lorsqu’on se penche sur votre personnalité on découvre une artiste et surtout une femme  très positive et  tellement optimiste. Un trait de caractère  symbolisé par  cette citation de Marylin Monroe que vous partagez avec ceux qui suivent votre parcours :       “Keep smiling, because life is a beautiful thing and there’s so much to smile about”. Ce n’est pas juste une formule…

Non.C’est quelque chose de très important pour moi, parce que je sais que dans le domaine des arts, comme dans d’autres d’ailleurs, on peut  traverser des périodes  difficiles. On ne joue pas, on ne tourne pas et  on ne chante pas tout le temps et c’est parfois les montagnes russes. Quand cela se passe très bien, c’est merveilleux. Mais  en ce qui me concerne, ce qui me fait garder le cap, quand quelque chose ne se fait pas ou que je suis  déçue par certains pojets voire  certaines personnes, c’est  cette positivité qui me fait dire :  “Bon ça ne s’est pas  fait  cette fois  mais il y aura d’autres projets. Donc, je vais regarder au-delà”. Et  je vais faire en sorte de ne pas me  laisser happer  par le négatif même si c’est parfois tentant de pleurer sur son sort. Cela peut arriver. Mais ll ne faut pas que cela dure. C’est pour mieux avancer et garder cette espèce de joie de vivre. Dans une telle situation, je pense toujours à cette phrase si usitée dans notre univers : ” The show must go on”. C’est  une façon de remercier ceux qui sont là pour nous suivre  et nous supporter au sens anglais du terme  dans les salles de spectacles ou  ailleurs et font preuve de tant de bienveillance.  J’estime qu’ils n’ont pas à subir nos états d’âme.Cela dit, c’est juste ma façon d’être. Ce  n’est pas inscrit dans le marbre. D’autres artistes éprouvent le besoin de tout partager avec leur public: le merveilleux et le douloureux. Et cela convient aux deux parties

 Sur votre profil  vous vous définissez seulement comme actrice et chanteuse, alors que vous avez bien d’autres  talents qui ne sont même pas cachés.

C’est une excellente question que vous me posez, car je me la pose souvent aussi.En réalité, je suis un peu confrontée au fait que dans notre milieu s’est mal vu, surtout quand on est une femme, de se présenter avec plusieurs casquettes. Quand on dit qu’on est chanteuse, actrice, réalisatrice, violoniste, directrice artistique, et j’arrête la liste, le commentaire fuse; “d’accord, vous êtes une touche à tout mais vous ne faite rien de bien”. Je peux comprendre cette réaction, car elle à l’air de signifier de façon indirecte que l’on est  incapable de s’auto définir dans une corde et que cela fait de nous des amateurs. Je reconnais aussi que je peux me définir différement selon l’interlocuteur et l’intérêt qu’il manifeste à tel ou tel domaine de mon activité. Par ailleurs, je ne suis pas naïve ou prétencieuse au point de  considérer  que l’on peut être expert(e) dans de nombreux domaines. Où alors on aurait besoin de plusieurs vies pour y arriver. D’un autre côté, j’estime aussi que la vie est courte et que l’on ne devrait pas se priver  si l’envie nous vient de vouloir explorer moult domaines. Pour le moment, j’aime jongler avec mes différentes casquettes (rire).

 

Une artiste multicartes

Chanteuse de Jazz ( ou de soul ?)  vous avez une voix magnifique, très suave 

À la base, je fais du jazz à l’ancienne. C’est-à-dire que j’adore chanter Ella Fitzgerald, , Billie Holiday, Nina Simone, Nat King Cole, Armstrong, Otis Redding… soit le terreau le plus riche du jazz. Mais je peux aussi  mélanger avec la soul. Pour autant,  dans les concerts que je donne je ne m’interdit pas de chanter de la musique plus actuelle que je me permets  de revoir et corriger  pour faire un peu lounge.

– Vous dites souvent qu’il ne vous déplaît pas de changer de casquette. Qu’entre deux rôles, deux tournages, ou deux concerts vous n’êtes pas dans l’attente passive et que vous n’hésitez pas à susciter de nouveau projets et e nouveaux défis.

(Elle soupire) Vous savez, je pars  toujours de l’adage qui dit ” aide toi, le ciel t’aidera “.  Au lieu d’attendre que le téléphone sonne, je préfère donner un sens et une utilité aux périodes incertaines. Comment ? En écrivant, en réalisant  et en maitrisant d’autres savoirs liés à mes coeurs de métiers. Et puis, cela permet de faire de belles rencontres, des échanges d’expériences, d’enrichir le potentiel artistique que l’on s’est constitué. Dans ces moments, je reste en ébullition. Je trouve passionnant d’être partagée entre l’interprétation et la création. Puisque actrrices ou chanteuses nous sommes au service d’un texte ou d’une vision.

Inépuisable, vous  doublez les voix au cinéma . Comme  dans Bohemian Rhapsody, le film sur la vie de de Freddy Mercury réalisé par Bryan Singer.

(Très enjouée, elle rit). Oh oui, ça c’est vraiment génial. Encore un autre exercice. Un très bon exercice d’acteur. Même si on est un peu frustré. Car en tant qu’acteur(trice) le corps est au service du personnage et en doublant c’est compliqué. Je me souviens de cette fois – “Thomb riderréalisé par Roar Uthaug  –  où je doublais  un personnage de boxeuse.  Il  fallait donner  l’illusion des coups que l’on assène, de  l’essoufflement etc. Et cette expérience formidable permet de comprendre qu’avec la voix on ne peut pas tromper le spectateur. La voix est au service de l’image. C’est cela qui permet de s’évader. Et quand c’est mal doublé on ne rentre pas dans le film. Quelque chose sonne faux.

Le violon, commencé à l’âge de 5 ans, est l’autre corde à son arc

En matière de rôles vous n’avez aucune objection à jouer tous les personnages : le méchant, comme le gentil, le naïf comme le super intelligent… Dans ce cas, est-ce que  le corps suit  naturellement ? 

Cela dépend des acteurs et des actrices. Même si cela peut faire hurler certains, moi je dis que nous avons tous des limites. Je sais  qu’il y des choses que je ne  voudrais pas ou ne pourrais pas jouer.Après, dans l’ensemble, le corps est au service du personnage. Il y a comme une dichotomie qui se met en place dans le cerveau. Je bloque ce que je suis moi et je prend la place d’un autre avec ses constantes, sa gestuelle, ses mimiques. Je garde en mémoire ce que j’ai appris avec Alexandre Grecq ( décédé en 2016 ), un grand monsieur de la Comédie française  qui m’a vraiment donné les bases du travail d’acteur. Il me répétait toujours : ” Le texte, c’est le prétexte”. C’est-à-dire qu’il faut aller chercher derrière le texte les vraies intentions  du personnage. Pourquoi a-t-il utilisé tel mot et pas un autre ? Parce que jouer, ce n’est pas simplement délivrer un texte, c’est aussi l’habiter. C’est vraiment un travail intéressant.

 L’extraordinaire expérience Bollywood

Autre particularité qui vous rend vraiment singulière en tant qu’actrice française, vous avez connu une expérience de deux années à Bollywood.  Racontez nous la génèse de cette aventure.

( Son visage s’éclaire et elle rit un bon coup).  Ah, c’est une très belle  histoire! Presque un roman!   Un jour, il y a quelques années de cela,  ma mère est venue me rendre visite alors  que je vivais à Paris. Et chez moi, il n’y avait pas de télévision. Comme cadeaux, elle m’a acheté des livres et un  DVD  d’un film indien conseillé par le vendeur. Ce DVD est resté dans mes tiroirs un certain temps. Jusqu’au jour où l’ennui et la curiosité m’ont poussé a le visionner. Je l’ai regardé une fois, deux fois, dix fois,  jusqu’à le trouver finalement génial. C’était en fait un grand classique du cinéma indien.

Séduite, j’ai dévalisé des disquaires spécialisés en musiques indiennes. Prise dans cette nouvelle passion, je me suis mise à apprendre le hindi et la danse classique indienne.
J’ai ainsi décidé de partir à Mumbai pour passer le concours d’entrée de l’école d’acteurs « Actor Prepares », une institution d’acteur réputée, dirigée par Anupam Kher qui a fait partie de grands castings de films prestigieux tels « Joue-la comme Beckham », « Coup de foudre à Bollywood » sans oublier dans le film de Woody Allen « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu ».
Reçue à l’examen j’ai pu y poursuivre ma formation. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai eu la chance d’être sélectionnée lors de plusieurs castings et ai ainsi pu jouer en anglais et en hindi dans plusieurs projets. J’ai ainsi pu tourner dans des films du cinéma indépendant et Bollywood. Et même si d’autres projets m’ont conduits à revenir en France, depuis, j’ai effectué quelques allers-retours.

Si vous étiez contrainte de faire un choix dans votre panoplie de créatrice  que choisiriez  vous ? 

( Amusée et hésitante). Oulala ! C’est comme si vous me demandiez de choisir entre ma mère et mon père. Plus sérieusement, j’aurais vraiment du mal à me décider car les deux pratiques se rejoignent et ne font qu’une.Devant une caméra  ou face à un micro, c’est de l’interprétation. Et moi, jadore !

 https://youtu.be/CnL73nvg1EQ /  

– Vingt-quatre heures suffisent-elles  pour faire ce que vous avez  à faire ?

(La réponse fuse ). Je dors peu ! En tout cas pas assez. J’essaie de tout concilier et de  faire des “arbitrages” entre les différents projets dans lesquels je suis engagée.Je reconnais que ce n’est pas facile. Mais pour le moment, je tiens la distance.

 Peut-on dire que pour vous l’année 2022, largement entamée, a été un bon cru ?  Vous avez eu en tout cas une grosse activité lors du dernier  festival de Cannes et aussi  en marge de l’événement…

Ce festival  est un moment incontournable sur le plan culturel. Car c’est à Cannes que se sont déclenchées des choses pour moi. Notamment lorsque j’y avais été conviée, il  y a quelques années,  en tant que  Jeune talent. L’orginalité de mon expérience à Bollywood avait sans doute joué en ma faveur. C’est un lieu exceptionnel pour ce faire connaître. C’est le rendez-vous de la planète cinéma. Mais j’y vais seulement quand j’ai un projet ou une production à montrer. Où si j’ai la possibilité d’être active  sur les scènes annexes: en chantant dans des  showcase ou à l’occasion d’un défilé de mode par exemple.

 

Vous participez à plusieurs événements caritatifs dans le cadre du Festival de Cannes comme celui du Better World Fund. Après Cannes, vous deviez participer à celui qui se tenait en marge du Festival de Venise…”

Oui en effet, C’est un  événement  annuel caritatif placé sous l’égide Sharon Stone.C’est important pour moi d’être investie dans ce type d’actions qui existent en partenariat  avec le festival ou autour de ce dernier.

  Côté Glamour, vous avez joué le rôle de maîtresse de cérémonie de la Tiffany Fashion Week Paris à Monaco. Modèle pour grands couturiers  est une chose qui vous aurait plu ?

(Sourire).Mannequin-couture, non, car  je n’ai pas la taille requise. Mais modèle pour des marques oui, cela m’est arrivée et m’arrive encore. Par contre, être maîtresse de cérémonie c’est tout un autre exercice.  Comme ce fut encore le cas lors du  Tiffany Red Carpet Fashion Show à Monaco.  On y travaille sans filet. Cela demande d’ être à la fois réfléchie et  spontanée  et avoir aussi un certain sens de la répartie. Je l’a fait en juin dernier  sur le Rocher  et j’y retournerai  au mois d’octobre. C’est vraiment passionnant.

  Sa passion pour l’histoire du parfum


Vous avez une passion  pour le parfum puisque vous avez réalisé un court métrage intitulé   « Note de coeur » dont  vous avez aussi écrit le texte et le scénario…

Oui, j’ai tenu absolument à en être  à cent pour cent la maîtresse d’oeuvre.  Parce que je voulais que le résultat final corresponde en tous points à mon projet initial. Du texte en alexandrins, au choix de la musique, celle du génial Debussy,  à l’interprétation, au lieu du tournage, jusqu’au montage.Le film devait être envoyé à la Mostra de VeniseHélas, je n’ai pas pu le finir à temps. Mais ce n’est que partie remise et d’autres pistes lui sont ouvertes.

Vous devez avoir ce que l’on appelle “un nez” pour vous  lancer ainsi  dans un sujet si pointu que la place  du parfum  dans l’histoire des hommes et des femmes ?

“Note de coeur” son court métrage sur l’universalité du parfum

Je ne sais pas si j’ai ce talent mais il est vrai que j’ai développé un autre projet de film sur l’univers du parfum basé sur un poème tiré des “Fleurs du mal” de Baudelaire, “Le Flacon”. Le flacon, héros du film a d’ailleurs déjà été fabriqué par Adrian Colin, maître verrier et meilleur ouvrier de France. J’espère pouvoir vous en dire plus très bientôt.

Ses engagements, sa solidarité

Depuis quelques années le mouvement #MeToo a bouleversé les relations hommes-femmes même s’il reste tant à faire. Toutefois, comme souvent, dans leur  sillage, les révolutions humaines et sociales drainent des  résidus d’extrémisme. Certaines femmes n’envisagent la relation avec les hommes que dans le rejet. Quel est votre sentiment, vous qui êtes la marraine de   « Pépites d’E-toiles ” ?

En effet, quand on me pose  cette  question, j’aime paraphraser la réponse que Sacha Guitryavait donné à  la question “Etes-vous misogyne?” . Ainsi si l’on me demande quelle genre de féministe je suis, je répondrai avec humour  « je suis contre les hommes tout contre ».
Plaisanterie mise à part être féministe, c’est évidemment très important, mais je dirai que le féminisme que je revendique est un féminisme apaisé. C’est-à-dire être main dans la main avec les hommes. Cela ne veut pas signifier ne pas remettre en cause tous les indices d’un patriarcat archaïque mais le faire aussi en impliquant les hommes dans cette bataille qui est en fait notre bataille à tous et à toutes.Pour changer profondément les choses, il  faut avancer ensemble. A mon avis, si on transforme le féminisme en un antagonisme radical contre l’autre genre  il sera  à l’évidence contreproductif.  J’imagine que si j’avais été un homme, correct et respectueux de la différence et que l’on me répétait à longueur de journée que tous les hommes sans exception sont des êtres mauvais par nature etc, peut-être que j’aurai fini par développer à mon tour un ressentiment contre les femmes? Il ne faut surtout pas que nous arrivions à ce genre de dérives et je ne crois pas que ce soit l’objectif visé par tous ceux qui veulent bannir de nos sociétés les violences et les inégalités  dont souffrent particulièrement les femmes. Nous devons, femmes et hommes, rester à mon sens complémentaires dans cette lutte. .

Une artiste aux engagements multiples auprès des acteurs de la solidarité notamment avec les femmes.

Vos engagements professionnels, bien que multiples, ne vous empêchent pas d’être très active sur le plan de la solidarité. À l’exemple de l’action caritative du Petit Écho de l’Art et de la Mode! qui soutient la recherche contre la sclérose en plaques. Vous êtes aussi  la marraine  de l’association  « Pepites d’E-toiles  qui aide les femmes sur le chemin de l’émancipation.Et bien d’autres encore.

Je fais tout ce qu’il est possible de faire pour mettre ma modeste notoriété au service de ceux qui se battent pour améliorer la condition humaine. À l’image de la fondation privée ‘Action innocence » qui  lutte contre la pédocriminalité sur le net, un vrai désastre qui progresse de façon souterraine ou encore « Octobre rose », une campagne annuelle de sensibilisation au cancer du sein et de levée de fonds pour la recherche. Pour moi il est important que les gens des arts et tous ceux qui ont une voix qui porte un peu, mettent une partie de leur temps, de leur talent et de leur travail au service de ces causes. En ce qui concerne  l’association « Pepites d’E-toiles” que vous citez et dont j’ai le plaisir d’être la Marraine, son ambition est d’amener les femmes sur le chemin de leur émancipation quelles que soient leurs origines sociales, culturelles, professionnelles et financières. Il s’agit d’apporter un soutien multiformes qui va des conférences et ateliers à la création d’entreprise. L’opération phare de l’association est programmée pour l’année prochaine en octobre, lors d’un grand séminaire qui réunira 220 femmes dans le désert marocain.

@Propos recueillis par Fayçal CHEHAT

CRÉDITS PHOTOS : AURELIA KHAZAN

 

LES PRÉFÉRENCES D’AURELIA 

Votre livre : Le lys dans la vallée

Votre film : Le concert (Radu Mihaelanu) / Sunset Boulevard (Billy Wilder)

Votre série : False Flag

Votre chanson : Kiss from a rose

Votre ville: Florence

Votre peintre : Monet et Turner

Votre acteur : Louis Jouvet / Leonardo Di Caprio

Votre actrice: Meryl Strip / Annie Girardot

Votre parfum : un mélange de rose, muguet, fleur d’oranger, pivoine et gardenia

Votre sport : courir après le temps!

Votre talent caché :  il est tellement caché que je le cherche encore 😉

Votre voyage : ne fait que commencer…!

 

 

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