ANNAMARIA SPINA: engagée contre (toutes) les violences

Actrice, comédienne, auteure, l’Italienne  Annamaria Spina est devenue l’égérie de la lutte contre la violence faite aux femmes dans son pays .Cet engagement a commencé au lendemain d’un drame personnel qui a failli lui coûter la vie. Un combat symbolisé par le superbe court métrage, Sei Mia* – « Tu es à moi »-  produit par Blue  et dont elle continue de faire la promotion dans tous les territoires de la Grande Botte. En vérité,Annamaria  est vent debout  contre toutes les  violences. Du racisme au quotidien en passant par les ambiances délétères  qui enlaidissent  les stades de football. Une discipline sportive qu’elle adore. Violence faite aux femmes mais également   la violence faite à la nature. Ces dernières années, l’artiste originaire de Catane s’est également impliquée dans la lutte pour la défense de l’environnement. Quinze mois après un confinement particulièrement strict en Italie et alors que la COVID-19 continue de sévir aux quatre coins de la planète, la lumineuse sicilienne a bien voulu répondre aux questions de votre magazine.

«  Je me bats contre l’impunité   des bourreaux des femmes »

Mediterranéennes: Est-ce que vous pouvez nous faire  un bilan de votre action contre la violence faite aux femmes. Votre engagement est né d’un drame personnel. Vous pouvez nous  parler de Sei mia le court métrage réalisé par Alessandro Bonifazi avec vous comme actrice principale…

Annamaria Spina : Il y a des années de cela, j’ai été victime d’une tentative d’assassinat de la part de mon ancien compagnon.Heureusement, j’y ai survécu. Depuis, j’ai pris la décision  d’aider les femmes, toutes les femmes qui sont victimes de violence. Avec la société  Blue Movie”  basée à Rome, j’ai alors tourné un court métrage intitulé ” Sei Mia”  qui évoque  mon histoire.

Cela fait des années que vous consacrez l’essentiel de votre temps à cette bataille  pour rendre justice aux femmes maltraitées . Où en êtes vous  aujourd’hui ?

Je suis devenue la marraine d’un projet international pour la protection des femmes en Italie. Il s’agit d’International Security, c’est-à-dire une entreprise qui fournit des escortes  pour la protection des plus faibles, pour toutes celles  qui signalent des agressions  et plus encore. Je suis convaincu que ce projet, qui devrait démarrer prochainement en Italie, contribuera à faire évoluer dans le bon sens la situation  dramatique des femmes. Il s’agit de sécurité et  de protection.

Vous vous êtes beaucoup interrogée sur le sens de la vie  ces derniers temps :  est-ce un besoin de faire une pause, de faire un bilan  et une  occasion de donner  une autre direction à la vôtre  ?

Chacun de nous devrait faire une analyse introspective, s’arrêter  un instant et réfléchir à sa propre vie. La pandémie du Covid-19 a contraint le monde à une pause existentielle forcée et cela a permis à beaucoup d’entre-nous de découvrir ou de redécouvrir des valeurs telles que la famille, l’amour, le partage, l’émotion.

                               “Je me sens absolument Méditerranéenne”

Et puis, on sent chez vous comme un intérêt de plus en plus fort pour la nature. Ce qui ressort de vos intervenions publiques dans les médias de votre pays, c’est que  cette nature – si elle appartient à l’humanité –  tout le monde la considère comme un acquis définitif et ne s’en occupe ni s’en préoccupe vraiment …

Je me suis en effet engagée  pour la protection de l’environnement de façon très déterminée, car je reconnais qu’à la base de notre vie, nous avons besoin d’un écosystème «sain» qui nous permette d’être en harmonie avec nous-mêmes et avec l’univers dans lequel nous vivons. Pour  arriver à un équilibre mental il faut bien respirer, manger sainement et s’entourer de paysages naturels purs et non contaminés par aucune forme de pollution.

Au printemps 2020, au plus fort de la pandémie, vous avez posté un texte sur les réseaux sociaux qui est un bel hymne dédié  à l’Italie. Le patriotisme est important à vos yeux ? 

Le patriotisme est fondamental pour moi ! Il représente l’identité de nos racines. Chaque pays du monde doit exalter et préserver ses origines. Si nous perdions le sens de notre origine géographique et culturel, nous serions des nomades sans abri.

Quelles sont les particularités  qui font que l’Italie  conserve toujours, et malgré certains dysfonctionnements, une cote élevée de sympathie dans le monde ? 

Le monde  a de la sympathie pour mon pays pour de nombreuses raisons. On peut citer  sans  doute l’art,  la littérature, l’histoire millénaire, la mode, la gastronomie, les marques italiennes,  les couleurs, les parfums et saveurs. C’est un pays où il fait bon vivre.

Durant la première année de la pandémie  les Italien(ne)s ont été en colère contre l’Europe parce qu’ils estiment qu’elle  n’a pas été solidaire alors qu’ils étaient dans le dur . Êtes-vous du même avis ?

 E tout ca, cette solidarité européenne a un peu tardé alors que notre pays était le plus impacté par la pandémie.  L’Italie, elle n’a pas changé dans ce domaine. Notre pays et notre peuple ont  toujours  fait preuve d’une grande solidarité en apportant toute l’aide  possible aux personnes en difficulté.

Et la Méditerranée  ? Vous sentez-vous plus ou  moins proche d’une Espagnole, d’une Marocaine, d’une Algérienne ou d’une Grecque, par exemple  ? A titre personnel, vous intéressez-vous aux pays de la rive sud ?

 Je me sens absolument MÉDITERRANÉENNE. Ma chaleur humaine, mes valeurs, mes sentiments forts, mes passions sont puissantes. Je pense être en mesure de  représenter la Méditerranée dans le monde. 

 L’Italie est l’un des pays d’Europe et du bassin méditerranéen qui a le plus souffert de la pandémie du coronavirus. Comment avez-vous vécu cette période ? 

J’ai vécu la pandémie comme une prisonnière. Mais  dans cette  prison, la femme que je suis a compris plus que jamais le sens de la vie. Son côté précaire et  tellement éphémère. J’ai compris que tout est entre les mains de  Dieu.

  Pour certaines femmes,le confinement a ressemblé à un emprisonnement

Dans certains pays voisins, là où il existe des statistiques, à l’exemple de la France, il a été montré que la violence contre les femmes a fait un grand bond. Et ce bond s’expliquerait  par le confinement et le tête-à-tête inextricable entre la victime et son agresseur. Ce sujet a-t-il été abordé en Italie ?

 Ce fait a également été constaté chez nous . En effet, avec ce que l’on peut considérer comme  un emprisonnement forcé ,en raison de Covid 19, les féminicides et les divorces ont  beaucoup augmenté .

 

Je sais  que le 8 avril 2021  une de vos interviews sur le thème de  La PRIGIONIA DELLA CONVIVENZA FORZATA » est passée sur une chaine de télé italienne

 Oui, j’ai eu l’honneur de pouvoir intervenir sur ce thème qui me tient à coeur  Il faut reconnaître que l’on a beaucoup parlé en  Italie – à travers les médias et à  la télévision – d’emprisonnement forcé. Ce qui a causé malheureusement le décès de nombreuses femmes.

Je me souviens d’avoir échangé avec vous sur les réseaux sociaux à cette période et vous m’aviez semblé assez inquiète, je dirais presque désespérée.  J’avais raison de penser ainsi ?

Vous aviez raison. J’étais effectivement très inquiète en raison de cette captivité et j’ai prié Dieu de veiller sur les victimes  et toutes celles qui pouvaient en souffrir. In fine cela  a renforcé ma volonté de  continuer à me battre pour qu’en Italie les lois soient plus dures contre les bourreaux des femmes.

Et dans la foulée, vous pouviez poster ce genre de message : « Malgré le drame, l’obscurité et la catastrophe que nous vivons……. Je veux sourire et rêver.. Cela fait-il  partie de la schizophrénie qui s’est emparée des humains durant cette période unique dans l’histoire ?

Le sourire aide à ne pas mourir. Il ne s’agit pas de schizophrénie mais de survie. A ce propos, je voudrais vous donner une nouvelle officielle: mon prochain engagement social sera consacrée à la  “DÉPRESSION”. Je prépare un court métrage sur ce thème. La dépression est un mal sombre qui tue chaque jour dans un silence effarant.

 

Vos multiples engagements contre les différentes violences ont elles mis entre parenthèses vos activités créatrices ? Parlez-nous de votre coeur de métier qui puise sons sens dans la culture… 

Comme je viens de vous le dire, mes  projets dans un avenir très proche concernent la protection et la sécurité des «faibles» et la réalisation d’un court métrage social sur la dépression. A ce propos, je vous informe  que je recherche des producteurs de télévision et de cinéma français  et italien qui croient et soutiennent la lutte contre ce fléau social sournois et dévastateur.

Vous avez fait une apparition dans le très beau film « Le Traître »  sur le thème de la mafia. Cela vous t-il  donné l’envie de replonger dans le cinéma et le théâtre ? 

Le réalisateur  du « Traître »  est Marco Bellocchio. Ce fut un honneur pour moi de participer à ce long métrage et d’être dirigée  par un maestro comme lui. Ce fut une expérience humaine unique. Bien sûr, mon envie de cinéma et de théâtre est toujours aussi forte. Je reste ouverte à toutes opportunités. L’art et la création sont une grande partie de ma vie.

Propos recueillis par  Fayçal CHEHAT

 

 Liens utiles :

                             https://youtu.be/qMC2aMDkRQs/

 

 

 

 LES PRÉFÉRENCES  D’ANNAMARIA 

Votre livre : “Le sens” (écrit par moi)

Votre film :The Damage, The wait.

Votre série: Sons of Anarchy

Votre chanson : My Way ( Frank Sinatra)

Votre ville: Rome

Votre peintre : Picasso

Votre acteur :  Jeremy Irons

Votre actrice: Meryl Streep

Votre parfum : Panteur ( Cacharel) 

Votre sport: Football 

Votre talent caché : Danse classique et Hip Hop

Votre voyage inoubliable: La vie après la mort 

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