Andrea Barrett : « Mon prochain roman pourrait être plus sombre »

Alors qu’elle a fété le 16 novembre dernier de fêter ses soixante dixième anniversaire  et  qu’elle vient de publier son dernier roman « Narural History « , l’Américaine Andrea Barett paraît comme au sommet de son art et dans le coeur profond de son analyse du destin des humains.

Son dernier opus est disponible depuis quelques semaines  alors que Donald  Trump vient d’arriver avec fracas au pouvoir pour un deuxième mandat de quatre ans à la tête de la première puissance économique et militaire  mondiale. Et il ne semble pas avoir que de bonnes intentions pour son pays, contrairement à ce qu’il clame dans ses discours, et encore moins pour le reste du monde.

La Fièvre, le roman récompensé qui lui a valu de recevoir La National Book Awardsen 1996

Dans un entretien dense, puissant et sans fard, accordé au quotidien espagnol El Mundo, la native de Boston, y déroule sa pensée avec une certaine hauteur. Un tantinet pessimiste sur la mauvaise tournure que pourraient prendre  les événements, celle qui avait été  récompensée en 1996 de l’un des Prix les plus célèbres de la litterature mondiale, le National Book Awards, pour son roman, » Fièvre »  évoque tout de même,  dans les extraits choisis  ci-dessous, le sentiment qui selon elle résume le mieux la  vie humaine, à savoir ce mélange « d’émerveillement et de déception  » et  la place importante de la fiction littéraire, à la seule condition qu’elle ne soit pas idéologie..@Fayçal CHEHAT

 

Sur le sentiments humain 

« Le sentiment humain qui, selon moi, résume une vie est un mélange d’émerveillement et de déception. La beauté et la tristesse sont ce que j’essaie de capturer lorsque j’écris. » « L’émotion humaine que je préfère, celle qui résume une vie, est un mélange d’émerveillement et de déception. L’émerveillement devant les merveilles d’un monde naturel inépuisable qui est là et qui nous est offert pour en profiter. Et la déception devant tout ce que nous lui avons fait subir, toutes les manières dont nous avons trahi le monde dans lequel nous vivons, trahi les autres, détruit le monde naturel. La beauté et la tristesse sont ce que j’essaie d’équilibrer chaque fois que j’écris
À propos de l’avénement inquiétant du gouvernement Trump

« Le mépris que ce gouvernement affiche pour la science est terrible, terrifiant. J’ai beaucoup d’amis aux National Institutes of Health [notre Sécurité sociale] et à l’OMS qui ressentent la même chose. Que les États-Unis ne soutiennent pas la lutte contre le changement climatique, qu’une nouvelle pandémie arrive et qu’il n’y ait pas de vaccins… Une grande partie de ce qui a été construit au cours de ce siècle va s’effondrer et cela me terrifie tout simplement », déplore l’auteur. « Comme toujours, je canalise cette peur dans mon écriture, donc mon prochain roman pourrait être le plus sombre. »

 

L’importance de la fiction littéraire

« En ces temps où la vérité est en question, où les mensonges et la désinformation sont monnaie courante, les écrivains de toutes sortes, y compris les journalistes, ont une responsabilité absolue.  Je parle des auteurs de fiction parce que la fiction, contrairement à beaucoup de choses qui apparaissent dans les médias ou que disent les politiciens, n’est pas un mensonge. C’est simplement une autre façon d’aborder une histoire.  Ce que raconte un écrivain, qu’il soit historien ou romancier, est logiquement marqué par sa vision des choses, par ses opinions et sa démarche, mais l’honnêteté doit prévaloir. La littérature ne doit jamais être une idéologie, surtout quand elle parle du passé. »

(Propos extraits de l’entretien accordé au quotidien espagnol El Mundo)

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