Souad Asla, la transmission musicale au coeur

Musicienne et chanteuse algérienne  orignaire de Béchar aux portes du désert, Souad Asla est la fondatrice du groupe Lemma, un choeur de femmes qui fait revivre les chants ancestraux de la région de la Saoura. Mais avant de mettre en  route cette formatio ,elle s’était déjà construite une formidable carrière en solo. Personnage haut en couleur, au vécu personnel chahuté, Souad avait quitté  son pays  à 20 ans,  et à rejoint  la France pour épouser, contre l’avis de ses parents et l’ensmble de la famille élargie,  un Français dans elle était tombée amoureuse.

Souad Asla ( photo page officielle facebook)

Dans son nouvel environnement,  Souad a touché à tous les métiers. Les alimentaires, mais également ceux qui peuplaient ses rêves, théatre, cinéma et bien sûr la musique Puis, elle a  fait partie de la troupe de celle qu’on appelle la rockeuse du désert, Hasna El Bacharia? Une aventure qui aura duré dix-sept ans, avant de commencer à monter ses propres projets. Dont la création du choeur Lemma, entièrement féminin. Avec une musique caractérisée par le dépouillement des instruments, surtout les percussions et le guembri,  mais où les mains et les voix jouent un rôle prépondérant.

Il y a trois jours, elle est revenue ur la création de Lemma  en se confiant dans les colonnes du quotidien algérrois El Watan/ “  Lemma est une formation féminine intergénérationnelle. La doyenne (El Hadja Zaza, plusieurs décennies de pratique) a 82 ans et la plus jeune 23. J’ai créé cette troupe par pur égoïsme, pourrai-je dire, car ayant quitté l’Algérie il y a une trentaine d’années, je peux dire que ces musiques ont beaucoup compté pour moi dans la mesure où, à chaque fois que j’ai eu un coup de blues, à chaque fois que j’ai été un peu triste,  l’écoute de cette musique m’a toujours aidée à m’apaiser et à me ressourcer.

Aussi, à chaque fois que je retourne chez moi à Béchar,  j’allais à Taghit où les femmes, depuis des siècles, se réunissaient régulièrement pour chanter notamment tous les vendredis à la zaouia. Là, au fil du temps, j’ai constaté que leur nombre diminuait. Elles étaient âgées et on devinait tout de suite qu’il n’y avait pas de relève. Quand je les ai interrogées à ce sujet, elles m’ont répondu que cette musique n’intéressait pas les nouvelles générations qui la trouvaient ringarde. Du coup, j’ai eu mal au cœur et je me suis dit que si les dernières venaient à disparaître, elles allaient sûrement emporter avec elles tout ce riche patrimoine“.

Des propos dans la continuité de ce qu’elle avait confié cinq ans plus tôt (2018)  au journaliste algérien Fayçal Métaoui chroniqueur musical et culturel   du  très sérieux website  TSA (Tout sur l’Algérie)  ou l’idée de la transmission du poitrimoine était au coeur de son ambitieux projet:  “À Taghit, a-t-elle précisé,  j’ai constaté que les jeunes filles n’assistaient pas aux cérémonies d’El Hadra qu’organisent les femmes chaque vendredi. Cette musique de transe rassemble les femmes depuis des années. Elles gardent cette tradition depuis très longtemps. J’ai constaté que les vieilles femmes qui décédaient n’étaient pas remplacées. Et, l’absence des jeunes filles m’a interpellée. Je me suis dit qu’il existe un vrai problème Un problème de transmission et de perte du patrimoine. J’ai eu donc l’idée de monter le spectacle « Lemma » avec des femmes de la région de la Saoura. C’est une façon, pour nous, de préserver ce patrimoine immatériel national.

In fine, Souad Asla  a voulu et réussi à rendre visible un patrimoine rendu invisible durant des décennies par un trop plein de règles sociales qu voulaient que la musique  ne  pouvait être  que l’apanage des hommes. Depuis, Lemma s’exprime sur toutes les scènes nationales et internationales. Un pari réussi. Même si la belle artiste de Béchar aux cheveux de feu bouclés  sait qu’il y encore tellement de belles choses à accomplir dans cette Algérie riche de sa diversité et de ses racines amazighes, africaines et arabes.

@Fayçal CHEHAT

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