Sigolène Vinson : « On est plus puissant quand on s’est débarrassé du superflu »

Après « La Palourde » publié en 2023, l’écrivaine française Sigolène Vinso et ancienne chroniqueuse judiciaire du magazine satirique « Charlie Hebdo« ,revient  avec un troisième titre « Le butor étoilé » chez  la même maison d’édition Le Tripode. Ce dernier opus lui est inspiré par l’étang de Berre  dans les Bouches du Rhône où elle s’est installée il y a deux lustres.

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Aujourd’hui, l’écriture de Sigolène est habillée de poésie, sans doute la seule qui sied à l’ode que l’ont  veut  offrir à la nature. Et pour y arriver, elle affirme être  « en perpétuelle recherche de ce mot exact, qui changerait la phase du monde, sa façon de tourner« . Au grand bonheur de ses lecteurs et lectrices.

Il faut rappeler qu la native de  Saint-Foy-lès-Lyon, 51 ans, est une rescapée  de l’attentat infligé par des islamistes à « Charlie  Hebdo » le 7 mars 2015  qui avait décimé en partie la rédaction du célèbre hebdo parisien. C’est peu de temps après cet événement terrible qu’elle décide de quitter Paris pour s’installer à  Martigues, une ville dont elle deviendra une élue au conseil municipal à partir de 2020 et  ou  elle se voit alors confier le dossier de la candidature de l’étang de Berre au  patrimoine mondial de l’Unesco.  Celle qui fut une ephémère avocate (2005-2006).

Rubrique « Leur dernier mot « 

Inoffensive, la nature ?

« Non, parce qu’elle provoque tout de même quelque chose dans le corps, le cœur, le cerveau de ceux qui la reçoivent. L’un des personnages, dans Le Butor étoilé, dit à son père : « Papa, les mots nous transforment quand on les reçoit. » Je le crois profondément. Nos imaginaires, nos sensibilités déterminent nos choix politiques. La littérature agit sur nos représentations, c’est en cela que les mots nous transforment, et que le courant écopoétique est politique à sa façon.

« D’ailleurs, les mots sont si puissants qu’il n’y a pas toujours besoin d’en dire trop. Je m’aperçois que j’ai eu tendance, dans mes derniers ouvrages, à réduire la taille de mes phrases, à réduire même la taille de mes livres. C’est un genre d’ascétisme. On est plus puissant quand on s’est débarrassé du superflu. On s’allège. Et on va à l’essentiel.

« Cette évolution esthétique, je ne l’ai pas réalisée de manière réfléchie. Mais elle est à l’image de mon propre trajet, depuis dix ans. Je me suis beaucoup simplifiée dans mon existence. L’atten- tat m’a fait comprendre ce qu’était être en vie. J’ai abandonné le sens – ou plutôt on m’a fait abandonner la quête de sens, de but. En revanche, cela a renforcé l’importance que j’accorde aux sens: la vue, l’audition, l’odorat… C’est à travers ce que je sens et ressens que je vis, et que j’écris. Je passe tous les jours de longues heures, seule, dans la nature. Puis j’écris ce que j’ai vu, perçu, j’essaie de rendre sensibles les interactions que j’ai eues avec les animaux… »

( Propos extraits de l’entretien qu’elle a accordé au quotidien du soir français Le Monde daté du 2 mai 2025)

Tous ses romans

J’ai déserté le pays de l’enfance, Paris, éditons Plon , 2011 ;  Le Caillou,  éditions Le Tripode, 2015; Courir après les ombres, Paris, éditions Elon, 2015 ; Les Jouisseurs, Paris, éditions de l’Observatoire, 2017 ;  Maritima, éditions de l’Observatoire, 2019 ;  La Canine de George, éditions de l’Observatoire, 2021;  La Palourde,  Éditions Le Tripode,  2023;  Le butor étoilé, éditions Le Tripode, 2025.

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