Monica Belluci, passionnément italienne
Mannequin et comédienne Monica Bellucci est une jeune femme de cinquante sept ans à la beauté éclatante. Elle est plus que jamais le symbole de la féminité assumée. Sur le plan professionnel, elle fait toujours partie des actrices, comédiennes et modèles les plus bankables. Début janvier 2022, elle était sur la scène de l’Opéra-Comédie de Montpellier le 12 janvier pour y incarner Maria Callas. Comme elle l’avait fait successivement àMonaco, Athènes, Milan, Rome, Venise, Istanbul et Londres..
Maman pour la première fois de Deva à quarante ans, elle donne naissance à une deuxième fille, Léonie, cinq ans plus tard. Les prunelles de ses yeux dont le père est l’acteur Vincent Cassel avec lequel elle a partagé 17 ans de sa vie. Monica et une vraie maman italienne. Si elle a divorcé d’avec le beau ténébreux du cinéma français, elle a retrouvé peu de temps après les joies de l’amour dans les bras de Nicolas Lefebvre. Dont elle se séparera en 2019 dans une grande discrétion. Même s’il est connu que la Transalpine reste toujours en bons termes, amie même , avec ceux qu’elle a aimés. Un jour ou vingt ans.
Corps de feu et tête débordante d’intelligence comme le montrent si bien ses réflexions sur le monde. Notamment celui des femmes, tel qu’il est et tel qu’elle rêverait qu’il soit. A dévorer sans modération.
Ses intervieweurs ont souvent la tentation irrésistible, à un moment ou à un autre de l’entretien, d’interroger la solaire Monica Belluci sur le rôle de la beauté chez une femme en pensant évidemment à elle. Alors, une fois la petite gêne passée, l’égérie de Cartier peut se montrer intarissable sur le sujet .
Quand elle avait vingt ans, dit-elle, elle n’arrivait pas à s’imaginer quelle femme elle serait à cinquante ans et maintenant qu’elle a atteint ce cap, elle sait ce que cela veut dire. Car la réponse elle l’a sur sa peau. Mais contrairement à ce que peuvent croire ses admirateurs dans le monde entier, elle ne s’est jamais sentie aussi femme qu’aujourd’hui.
Avec le temps, les femmes acquièrent une autre beauté
Et elle l’explique avec ses mots imagés: «Je réalise que c’est la continuation de la féminité sous une autre lumière tout aussi belle. Je crois qu’avec le temps les femmes acquièrent une autre beauté. Ce n’est plus la beauté du diable, une expression que j’ai découverte en France liée à l’état biologique, mais c’est une beauté qui vient de l’apprentissage. Une nouvelle forme d’intelligence. Qui vient de la sagesse, de la bienveillance, de la compassion qu’on apprend à travers nos blessures. On arrive à soigner à travers nos cicatrices. La vie nous apprend çà. ».
Les origines italiennes de la formidable vedette d et l’éducation qui en découle avec cette place importante de la femme dans l’histoire de la famille ont joué un rôle dans la sérénité qu’elle dégage face à l’idée du temps qui passe et des corps qui se transforment.Et pour elle, la référence positive est incontestablement la grand mère: ” Quand j’étais petite, j’adorais mes grands mères, et je ne pensais pas à l’âge quand je les voyais, ni à leurs rides. Je pensais à tout ce qu’elles m’apportaient, que même ma mère ne pouvait me donner. Elles avaient un calme, une douceur, une distance par rapport aux choses. Elles représentaient une force. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir des femmes si fortes à côté de moi et c’est cela qu’elles m’ont transmis. C’est ça la beauté ».
Pour la native de Città del Castello en Ombrie, l’évolution du monde se mesure avec notamment la place de plus en plus essentielle qu’occupent aujourd’hui les femmes dans la vie sociale, économique et culturelle Elles ont pris vraiment conscience de l’aspect important pour ne pas dire décisif de leur rôle et cela aide à changer le regard des autres sur elles: « Les femmes sont belles aujourd’hui, clame la Transalpine, quelque soit leur âge. Elles ont davantage conscience d’elles-mêmes grâce à l’activité sociale. Avant, elles n’existaient que derrière les murs de leur maison, maintenant elles ont un pouvoir social de vote, de paroles et du coup, elles se respectent beaucoup plus. Indépendantes économiquement, elles sont regardées avec beaucoup plus de respect »
Grandie dans une Italie ou plus qu’ailleurs en Europe on devine un savant dosage de modernité et de tradition, la délicieuse Monica a été enrichie intellectuellement et spirituellement par son expérience des grands voyages sur les cinq continents, par sa curiosité infinie et par sa maîtrise de plusieurs langues qui lui permet un échange fécond avec les autres.
Elle parle en effet couramment, outre l’Italien et le français, l’espagnol, le portugais, l’anglais, l’arménien qu’elle a travaillé pour les besoins du film « La passion du Christ » de Mel Gibson et même le farsi maîtrisé pour son rôle dans le film: «« Les Iraniens eux-mêmes m’ont dit que mon accent était parfait. Heureusement qu’il y avait peu de dialogues ! » avait-t’elle confié à la sortie du long métrage avec un grand sourire aux lèvres.
Férue de culture française, elle porte Paris et la France en bandoulière. Une capitale et un pays qui représentent pour elle l’ouverture avec un grand O. Références à l’appui, elle estime que par rapport à ce sujet de la beauté que les contemporains veulent transformer en canon indispensable à toute exigence sociale, chacun (e) à le droit de s’en affranchir : « Je crois au libre arbitre. Et la France nous y aide beaucoup. Elle a toujours été en avance. C’est un pays laïc, dont l’image est la liberté de penser. Des françaises, comme Simone de Beauvoir, Louise Bourgeois, Simone Veil ont pris la parole avec force et combativité. La France est en avance sur l’Europe. Moi je suis très fière d’être italienne et c’est le seul passeport que j’ai, mes deux filles aussi d’ailleurs, et j’aime la féminité italienne à la fois douce et forte. Mais parfois on a encore peur de parler… En Italie, les femmes réalisatrices commencent à peine à faire entendre leur voix dans le cinéma ».
Turin pour recevoir le prix Stella della Mole du Festival du Film de Turin en Italie. La cérémonie de remise du prix a été suivie par la projection en avant-première du film «The girl in the Fountain»
Monica est souvent là où on l’attend le moins. Alors que ces dernières années la relation femmes – hommes semble s’être dégradée et que l’on voit parfois des murs s’ériger suite à de nombreux scandales ayant traits à la violence des hommes et au machisme qui touchent même les milieux censés être libérés. Monica ne veut pas céder au féminisme pur et dur qui donne l’impression de faire de chaque homme un ennemi de la femme. « Je suis une femme qui aime les hommes. Et j’ai besoin d’eux comme ils ont besoin de nous. Et ce travail il faut le faire ensemble ».
Pour elle, le changement ne passe ni pas par l’établissement de barricades ni par l’anathème ni par stigmatisation mais par l’éveil de consciences, l’éducation et la culture : « Je ne suis pas pour une lutte contre les hommes, ce n’est pas ainsi qu’on aide la société. Il faut faire un travail vers une équité des droits ».
Et puis, elle insiste pour dire que la la différence existentielle entre femmes et hommes existe :« On n’est pas des hommes, on a notre manière de fonctionner. Parfois on nous dit qu’il faut être comme des hommes pour être respectées. Non ! Mais nous, on doit être respectées dans notre féminité pour ce qu’on peut apporter. Et cela peut être la bienveillance. Même si toutes les femmes ne sont pas bienveillantes et tous les hommes ne sont pas violents ».
Mais dit-elle avec fermeté, il faut être intraitable avec les hommes violents et rien laisser passer, jamais, quand la violence pointe le bout de son nez: « Cette peur fait que, avant même qu’il hurle, on arrête tout parce qu’on connaît déjà la suite. Si toi, tu ne l’as pas vécue sur ta peau, tu l’as vue sur ta mère, ta grand-mère, toutes les générations avant toi. L’homme parfois n’a pas besoin de passer à l’acte, tout s’arrête dans la maison. Cà, il faut que ça s’arrête. Maintenant stop, on appelle le commissariat ». Main de fer dans un gant de velours.Le crédo d’une femme très bien dans sa peau.
@Fayçal CHEHAT
Ses films les plus importants
“L’appartement ” de Gilles Mimouni (1996); ‘Malèna” de Guiseppe Tornatori (2000); “Le Pacte des loups”, de Christophe Gans; “La passion du Christ” de Mel Gibson (2004); “Agent secret” de Frédéric Schoendoerffer (2004); “Le deuxième souffle” d’Alain Corneau (2007); “Ne te retourne pas” de Marina de Van (2009); L’apprenti sorcier” de Jon Turtektaub 2010); “Les plus belles années d’une vie” de Claude Lelouch (2019)…
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