Méditerranée : les femmes au coeur du projet
Un magazine au service des initiatives et des réussites féminines
Le projet d’un magazine digital dédié exclusivement aux femmes du bassin méditerranéen occupait mon esprit depuis si longtemps. D’ailleurs, la chanteuse franco-libanaise de jazz et de blues, Ellene Masri, une de nos premières invitées de « Paroles, Paroles », le grand entretien du journal, m’avait rappelé, le jour de la réalisation de l’interview, que je lui avais parlé de Méditerranéennes dès 2016 lors d’un échange en message privé sur le réseau social Linkedin.
Les femmes au coeur du projet humain de la Grande Bleue
Il a fallu du temps pour que le projet murisse et que se fassent les bonnes rencontres professionnelles. Entre temps, j’ai fait une sorte d’opération sondage concernant l’intérêt d’une telle idée sur les réseaux sociaux, notamment auprès de mes relations féminines. L’accueil a été très positif, encourageant voire souvent enthousiaste.
Mais pourquoi les femmes de Méditerranée et pas les femmes en général ? D’abord, parce que je suis né sur la rive sud de la grande bleue, en Algérie, avant de finir mes études et m’installer en France à l’âge de 23 ans. La Méditerranée est en moi. Ses senteurs, ses lumières, sa chaleur humaine, son hospitalité et sa générosité, son exubérance et ses excès en tous genres.
Sur ces terres des deux rives baignées de vie, la place de la femme a toujours été centrale au sein de la famille et de la tribu. Mais ces droits civils, sociaux économiques, politiques, ne sont pas toujours et partout, il s’en faut, respectés. Si sur la rive nord, d’énormes progrès ont été faits à tous les niveaux, au sud ,le chantier reste entier. Pis, ces trente dernières années bien des reculs ont été observés en raison de la montée des intolérances politiques et religieuses.
Bouleversé par le sort et l’inégalité indécente réservés par des sociétés machistes à nos mères, soeurs et épouses, j’avais commis en 2010 le roman intitulé « Celle qui n’aimait pas les hommes » qui raconte la révolte d’une jeune femme lumineuse face à la violence physique et morale infligée à ses semblables. Ce fut mon premier vrai engagement.
Pour moi, aucun développement digne de ce nom, aucune paix sociale et politique, aucun épanouissement humain crédible ne sont possibles dans une société qui oublie, voire ignore sciemment la moitié de sa composante. Une société qui ostracise les femmes est comme un unijambiste condamné à claudiquer au lieu de marcher d’un pas ferme vers un avenir meilleur.
Mais au delà d’une expérience personnelle, l’intérêt de ce projet réside aussi dans la place incontestable que représente le bassin méditerranéen dans l’histoire du monde.
La Méditerranée comme une tablée familiale
La Méditerranée c’est 21 pays réunis autour de la grande bleue comme 21 convives autour d’une tablée. Cette mer « au milieu des terres « comme son nom latin l’indique, tout étant physiquement presque fermée ,ressemble en effet à une grande table à la forme d’une rotonde.Partie intégrante de trois continents : l’Afrique, l’Europe et l’Asie, avec un portail nommé Gibraltar qui lui ouvre la route vers les Amériques. Mais le plus important, c’est le rôle historique joué par cette espace dans la marche du monde .
La Méditerranée a donné naissance à de brillantes civilisations au cours des millénaires : phénicienne, Byzantine, Carthaginoise, Hellène, Romaine, Arabe, Ottomane. Elle a également vu naître sur ses rives les trois grandes religions monothéistes : Judaïsme, christianisme et Islam.
Ses habitants on connu la lumière mais aussi les horreurs de la violence et de la haine. Des croisades aux guerres liées aux conquêtes coloniales.Dans cette magnifique contrée, un des joyaux de la planète, l’Histoire est inscrite et visible sur les murs, dans les cités perdues ou encore flamboyantes.Et les femmes y ont toujours joué un rôle prépondérant et souvent décisif.
Il existe plus d’arguments en faveur de l’union des peuples de cette région que de sujets qui les séparent. Il y a objectivement un passé commun et plus que jamais un futur à vivre. Et les femmes ont été et seront des actrices importantes, essentielles et plus encore indispensables à l’évolution cohérente et à l’épanouissement de ce florilège de sociétés et de nations.
Que vous proposera « Méditerranéennes » ?
Méditerranéennes se voudra le magazine des réussites féminines, des projets portés et nourris par les femmes, des combats multiformes menées par les femmes. Nous mettrons en avant leurs modestes et grandes initiatives à travers les territoires. Avec une place prioritaire accordée à l’action culturelle et sportive et aux avancées sociales : écrivaines, actrices, comédiennes, réalisatrices, artistes,, chefs d’entreprises novatrices, athlètes de haut niveau et espoirs en devenir, avocates, juges, lanceuses d’alerte etc.
Il y sera beaucoup question de présent et d’avenir mais nous évoquerons aussi l’Histoire, la Grande, en braquant les projecteurs sur ces femmes qui ont joué un rôle essentiel à l’échelle nationale ou régionale en remontant le plus loin possible dans le temps.
Méditerranéennes fera forcément la part belle aux échanges entres les femmes de la rive Sud et celles de la rive Nord. Si au Nord, les femmes ont beaucoup fait avancer leurs causes et leurs droits à force de luttes incessantes et séculaires, au Sud, il reste tant à réaliser, à tous les niveaux. Nous mettrons en lien les unes et les autres. En cette période cruciale où les obscurantismes – loin d’avoir disparu – ont tendance à resurgir, à relever la tête avec le projet de remettre en cause les avancées notamment et surtout, celles des femmes. En attendant de grandir, Méditerranéennes sera d’abord un petit phare qui indiquera à celles et ceux qui doutent les territoires grandissants de la lumière.
@Fayçal Chehat
Journaliste et romancier
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