Iran: féminicides et crimes d’honneur en hausse

Selon un rapport dévoilé par les organisations de défense des droits de l’homme  en Iran, les féminicides ont fortement augmenté dans le pays. Rien qu’au mois d’octobre – en l’espace de 17 jours -13 femmes ont été assassinées.En 2022, plus de 200 femmes avaient été tuées.

Et c’est une moyenne qui dure depuis des lustres comme le rappel le quotidien espagnol  El Mundo dans un long dossier consacré au sujet dans son numéro daté du 30 octobre  et intitulé “Féminicides et crimes d’honneur en Iran“.

Le Comité de la résistance iranienne (CNRI), une organisation qui lutte pour les droits civiques rappelle que « Les statistiques choquantes des crimes d’honneur en Iran sont enracinées dans la misogynie et la culture patriarcale institutionnalisée par la loi. En effet, la loi ne criminalise pas la violence contre les femmes ».

De son côté, la doctoresse Rezvan Moghadam, fondatrice de l’organisa-tion iranienne Stop Honor Crimes, estime que  les délits et les crimes ont régulièrement augmenté ces derniers années et attribue cet état de fait  “au progrès social et à l’incapacité de nombreuses familles, notamment des hommes, à ne pas accepter que les femmes demandent plus de libertés Alors qu’en parallèle de nombreuses femmes décident de divorcer, dirigent leur vie comme elles le souhaitent et n’acceptent pas les mariages forcés en raison du refus de leur famille”.

Dans son article, le journal espagnol décrit comment le système de valeurs en vigueur en Iran  encourage et facilite le passage à l’acte violent et destructeur. “Ainsi, sont considérés comme une honte : choisir un conjoint sans l’autorisation de la famille, vouloir divorcer ou apparaître en public avec d’autres hommes. Alors qu’un autre article de la loi protège les hommes contre les féminicides, en autorisant le meurtre de la femme si le mari est témoin que sa femme a eu des relations extraconjugales.

Loin de fuir ou de se cacher, quand un homme commet un féminicide, il peut au contraire montrer à la terre entière qu’il a bel et bien effacé sa honte en punissant la fautive.Le journal  espagnol cite trois exemples effroyables :

–  le 28 septembre à Téhéran un homme s’est approché d’un commissariat de police avec le corps mutilé de sa femme dans une valise. Il a affirmé qu’il l’avait tuée pour « protéger son honneur ».

– En février 2022, Sajjad Heydari a décapité sa femme de 17 ans et a marché dans la rue avec la  tête  de sa victime dans la main”.

– Exemple encore plus  récent, puisqu’il date de la mi-octobre : ” Une  jeune femme originaire de Piranshahr, dans l’ouest de l’Iran, avait été mariée de force il y a près d’une décennie. Elle avait eu deux enfants de ce mariage et avait longtemps subi les violences de son mari…

“Elle a payé de façon atroce sa volonté de divorce. Accusée d’atteinte  à l’honneur de la famille, elle a été battue par son père, son  mari et son beau père. les trois hommes lui ont  lui cassé les bras, les jambes et la tête. Avant de la pendre, soi-disant pour tenter de purifier l’honneur de la famille.Le père en a reconnu la responsabilité”.

Quel long chemin encore à parcourir pour les femmes iraniennes avant de trouver la paix, la sécurite  à défaut de la félicité.

@Fayçal CHEHAT

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