Festival d’El Gouna: Feathers, le sacre malgré la polémique

La cinquième édition du Festival  d’El Gouna a été marqué par le succès éclatant de Fathers, le  dernier film de l’Egyptien Omar El-Zoheiry. Un film fantastique qui avait  déjà remporté le prix de la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes.  Que l’on peut résumer ainsi : une intrigue  qui se déroule dans un cadre spatial et temporel indéfini et où le chef d’une famille se transforme accidentellement en poule. Et ce, à la suite d’un tour de magie raté lors de l’anniversaire de son fils de quatre ans.

En face, sa femme,  anxieuse et  en apparence effacée, se bat avec détermination pour sa survie et celle de ses trois enfants. Jusqu’à devenir  puissante et libre d’esprit après la disparition  de son époux. Le film offre des situations absurdes qui provoquent  une hilarité douce-amère  dans une ambiance  kafkaïenne. Un style que des critiques madrés n’hésitent pas comparer à celui du génial français Jacques Tati  ou à celui du non moins fantasque et ténébreux finlandais Aki Kaurismäki. L’originalité du scénario et l’extravagance d’un thème  habillé d’une subtile crtique sociale  n’ont pas été du goût  de certains observateurs. Cinéastes et acteurs compris, reprochaient  à l’auteur d’avoir voulu, avec certaines scènes “choquantes ” à leurs yeux, porter atteinte à l’image de l’Egypte.

 

Une ambiance délétère qui a contraint  à la démission Amir Ramsès, le directeur du  artistique du festival.  Ironie du sort, les censeurs  zélés du film ont été en quelque sorte déboutés par le jury qui a décerné  à Featheirs le prix du meilleur film arabe. La morale de l’arroseur arrosé.

L’autre belle surprise du festival, c’est  Amira, le film d’un autre réalisateur  égyptien,  Mohamed Diab. Cette fois aussi c’est une femme qui est à l’honneur. Dans une intrigue tricotée magistralement et sur mesure. L’histoire est basée  sur ce  fait réel pratiqué par certains prisonniers à vie qui tiennent à tous prix,  malgré leur situation inextricable,  à devenir pères. Ils demandent alors  à leurs femmes de tomber enceintes en faisant appel  à la fécondation in vitro.

La jeune Amira, une Palestienne de 17 ans, fille d’un prisonnier politique embastillé en Israêl,  est le fruit de cette pratique. Son père  l’avait enfanté  après avoir  réussi à faire passer un échantillon de son sperme à son épouse;  Encouragé par ce premier succès, le prisonnier aAmira, voulu récidiver. Patatras ! Car en effectuant les tests médicaux nécessaires, dont celui de l’ADN, les résultats excluent le lien de parenté entre Amira et son père supposé. Le drame, horrible, pour la famille déjà déchirée par l’incarcération du père, peut commencer. Amira avait reçu  en septembre dernier  les prix Lanterne magique et l’Interfilm Award  à  La Mostra de Venise.

@Zineb Lahmar

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