Paola Cortellesi, son film bouleverse l’Italie
Le film “C’è ancora domani” (“Il y a encore demain”) de Paola Cortellesi sorti à la fin du mois de décembre dans toutes les salles italiennes sonne comme une renaissance du cinéma transalpin. Il s’est assuré, après seulement un mois et demi de visibilité, un succès populaire incroyable avec plus de 5 millions de spectateurs et a détrôné sans peine des films tels Barbie ou Oppenheimer promis pourtant à une razzia de statuettes lors de la cérémonie des Oscars prévue à Hollywood le 14 mars prochain.
Dans la très dense histoire du cinéma italien, le film est déjà entré dans le top dix des audiences nationales de tous les temps. Et cela est loin d’être fini. Le thème choisi par la native de Rome, pour son premier long métrage en tant que réalisatrice est très sensible et éminemment d’actualité: la question des droite et liberté des femmes. Paola Cortellesi s’est inspirée du récit de l’émancipation d’une femme de la domination d’un mari d’une rare violence dans la grande banlieue de Rome au matin de l’après deuxième guerre mondiale.
Ce récit émouvant rappelle que si la bataille des femmes pour leur droits a gagné du terrain depuis soixante dix ans, la guerre menée contre ce mal qui ronge encore la vie de millions de femmes sur la planète est loin d’être gagnée. Comme l’a montré l’a montré la collusion entre l’histoire et l’actualité cinématogrphique. En effet, peu de temsp après la sortie du film, l’Italie avait été bouleversée par un fait divers qui a vu une jeune étudiante de 22 ans assassinée de façon sordide par son petit ami du même âge.Toute l’Italie était sortie dans la rue pour hurler sa colère conte le cancer du patriarcat et contre cet énième féminicide.Le 106e de l’année 2023.`
Pourquoi ce thème et ce film ? La réalisatrice a évoqué ses choix dans les médias italiens: ” J’ai eu le désir de mettre en scène, à travers Delia, les femmes que j’imaginais à partir des histoires de mes grand-mères, a confié celle qui a une belle carrière d’actrice à faire valoir dans les colonnes du magazine Vogue Italia, ces événements dramatiques, racontés avec le désir de sourire, des histoires de vies difficiles, partagées avec tous ceux qui se trouvaient dans la cour. Joies et malheurs, tout sur la place, tout toujours ensemble. Il y avait des femmes ordinaires, celles qui n’ont pas marqué l’histoire, qui ont accepté une vie de maltraitance parce qu’elle était établie ainsi, sans se poser de questions. C’était, c’est encore parfois le cas. J’ai essayé d’imaginer ce que ces femmes, les vraies, ont ressenti en recevant une lettre dans laquelle quelqu’un – bien plus important que leurs bourreaux domestiques – ont certifié leur droit de compter“.
Comme pour montrer que la triste histoire des féminicides remonte à loin, la réalisatrice a opté pour le noir et blanc pour ce film tourné à Rome dans le quartier du Testaccio d’où les fulgurances de la comédie à l’italienne ne sont pas absentes. A noter que Paola Cortellesi avait fait ses débuts à la télévision comme humoriste. Là aussi on est aussi dans la tradition du cinéma italien où comédie et dramaturgie peuvent cohabiter au grand bonheur des cinéphiles transalpins et du monde entier.
Une chose est certaine , le succès de “C’è ancora domani” ne va pas se contenter record phénomenal au box office italien et du Prix Lupa de la ville de Rome. Le monde entier l’attend à bras ouverts comme le laissent imaginer certains indices.
Le “New York Times'” lui a fait une fête avec un long article élogieux, alors qu’il se murmure que l’icône mondial Lady Gaga pourrait acheter les droits du film. Le 47e Festival du film de Göteborg lui a fait un triomphe et l’a récompensé du Dragon Award du meilleur film international, décerné par le public suédois. Et Paris a ovationné le film lors d’une séance exceptionnelle au fameux Publicis sis en haut de l’avenue des Champs Elysées.
En attendant sa sortie de la pépite italienne à la mi-mars en Belgique, en France, au Danemark et dans de nombreux pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord, les critiques élogieuses se sont multiplées en ces premières semaine de l’année 2024.
@Fayçal CHEHAT
Synopsis : “Mariée à Ivano (Valerio Mastandrea), Delia ( interprêté par Paola Cortellesi) mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever.
Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa (Emanuela Fanelli) avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes.
Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella (Romana Maggiora Vergano). Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même.
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