Biennale de Lyon : Libanaises en force
Inaugurée le 14 septembre dans la capitale des Gaules et ouverte jusqu’au 31 décembre 2022 la Biennale d’art contemporain, intitulée Lyon Manifesto of Fragility, met à l’honneur le Liban représenté entre autres par de nombreuses créatrices vivant au pays du cèdre ou installées à l’étranger.
Leurs oeuvres sont exposées dans la section “Beyrouth et les Golden Sixties” installée au 2e puis au 1er étage du du musée mcLYON. L’exposition, affirment les organisateurs de l’évènement, “revient sur les collisions entre l’art et les idéologies politiques à une époque où Beyrouth (…) était considérée comme un lieu influent et attractif, c’est-à-dire depuis la crise libanaise de 1958 jusqu’au déclenchement de la guerre civile au Liban en 1975“. Elle est imaginée et mise en scène par le duo Sam Bardaouil, fondateur de la plateforme curatoriale Art Reoriented et son associé Till Fellrath.
Pour les deux commissaires, c’est la deuxième expérience du genre. En effet, en 2016, déjà, ils présentaient au Centre Pompidou à Paris “Art et liberté, rupture, guerre et surréalisme en Egypte (1938-1948). A noter aussi Beirut and the Golden Sixties avait déjà posé ses oeuvres du 25 mai au 12 juin 2022 au Gropius Bau, à Berlin.
Grâce à 230 oeuvres de 34 artistes et plus de 300 documents d’archives, l’exposition s’intéresse, selon les éditorialistes de cet évènement rare, aux nouvelles perspectives sur une période charnière de l’histoire de Beyrouth.” Les docs mis en lumière sont issus de plus de 40 collections privées.Des affiches, des revues, des catalogues, des photographies de vernissages et des portraits d’artistes…
Portraits d’artistes
Chafa Ghaddar. Les explorations de la technique historique de la fresque murale par la peintre ouvrent des possibilités conceptuelles inexplorées. L’artiste trouve un espace propice à l’expérimentation par l’introduction de nouvelles tensions entre durabilité et impermanence, figuration et abstraction, statique et versatile. Ghaddar interroge les relations entre la peinture à fresque et le corps à travers son association classique à la peinture figurative et l’union de la couleur avec la surface comme entité viscérale
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige interrogent la fiabilité des images, de l’histoire, des souvenirs et même des expériences personnelles dans la manière de raconter le monde qui nous entoure, notamment face aux atrocités et aux situations désespérées. Hadjithomas et Joreige examinent chez leurs protagonistes, leur envie de croire que les expériences vécues, directement ou indirectement, individuellement ou collectivement, sont non seulement réelles, mais tissent un lien entre leur propre expérience et celle des autres pouvant mener à une évacuation mutuelle de la souffrance. (Lauréats du Prix Marcel Duchamp, Paris en 2017);
Remie Akl. “Videaste, performeuse, poètesse, actrice et chanteuse, elle fait de sa voix un instrument de changement à travers des créations qui croisent les genres et les médiums. Elle déconstruit et expose sans détour et avec précision une longue liste de maux qui rongent la société, avec en tête l’oppression des femmes et les dysfonctionnements politiques. Dans ses vidéos et ses performances, les mots de l’artiste, clairement prononcés et superposés à la musique, à l’imagerie et au mouvement, exigent d’être non seulement entendus, mais aussi vus, ressentis et retenus. Faisant référence et adoptant des stratégies issues des réseaux sociaux et des clips de musique pop, le travail de Remie Akl est un puissant appel à l’autonomisation et l’émancipation de la jeunesse arabe, qui refuse de rester en marge de l’écriture de son avenir”.
Remie Akl est l’un des symboles forts de la lutte des femmes libanaises pour l’égalité des droits. Dans cette vidéo ,”Baklawa” , au succès phénoménal, enregistrée en 2021 , elle dénonçait avec une mordante ironie les violences subies par les femmes.
@Layla Zineb
Commentaires