Bouchra Karboubi a tracé son chemin
C’est une femme, Bouchra Karboubi, qui assurera l’arbitrage de la finale de la Coupe du Trône au Maroc qui opposera samedi 14 mai l’AS FAR Rabat et le Maghreb de Tétouan. Elle sera assistée par le duo mixte Fatiha Jermoumi – Mustapah Akerdad. C’est ce qu’a annoncé en milieu de semaine la Fédération Royale marocaine de football (FRMF).
C’est une grande première dans l’histoire du football chérifien. Toutefois, l’abitre de 32 ans, inspectrice de polie de profession, mère de Dina, 5 ans, a déjà une solide expérience pour avoir officié dans la Ligue professionnelle Botola Inwi. En 2007, lorsque la Fédération marocaine met sur pied son premier championnat féminin, Bouchra est dans la foulée promue arbitre de niveau national. Treize ans plus tard, le 10 octobre 2020, la commission nationale de larbitrage lui confie la direction du jeu du match de Botola pro Tétouan- OC Khouribga.
Sur le plan international, les bonnes nouvelles se succèdent. En février 2022, elle fait coup double en Coupe d’Afrique des nations masculine disputée au Cameroun.. D’abord active dans six matches de la phase de groupes et des tours suivants.Puis en étant la seule femme retenue dans l’équipe du VAR qui a supervisé la finale Sénégal-Egypte. Aujourd’hui, la native de Taza est également en lice pour faire partie des juges que choisira la Fédération internationale de Football (FIFA) pour le Mondial féminin 2023 qui aura lieu en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Qu’il est loin le temps où elle avait dû se battre, même au sein de sa famille, pour se faire place sur une pelouse et pratiquer le sport de ses rêves.”Que de raclées j’ai reçues de mes frères ! Ils ne me laissaient pas aller au terrain, avait-elle confé en novembre 2020 au quotidien régional Ouest-France, pour eux, le foot était un sport réservé aux hommes, où pleuvent les insultes, etc. Puis à Taza, sortir en short pour arbitrer quand on est une fille c’était hchouma (honteux)… Une fois, mes frères ont découvert un drapeau dans mon sac et l’ont déchiré. Je suis allée en pleurs sur le terrain, une aiguille à la main, le recousant à la va-vite ”.
Jusqu’à l’intervention du paternel qui mit fin au débat en lui donnant sa bénédiction. Tellement importante et décisive en terre méditerranéenne: « Ma famille comprenait que c’était sérieux et professionnel pour moi. Un jour mon père vint me voir à l’entraînement à Meknès. C’est alors qu’il ordonna à mes frères de respecter mon choix”. La belle histoire pouvait commencer à s’écrire.
En regardant dans le rétroviseur, on comprend que l’intérêt de Bouchra pour le jeu a vite fini par se muer en passion pour l’arbitrage. En effet, c’est à l’âge de 13 ans qu’elle rejoint dans sa ville natale un centre de formation pour refeere’s. Nous étions en 2001.
C’est-à-dire, il y a vingt ans; Bien avant la lente puis fulgurante ascension du football féminin dans le monde. Et encore! Car dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, l’arbitrage couleur femme était plus une vue de l’esprit qu’une réalité.
Même s’il lui reste quelques belles années de pratique devant elle, Bouchra est d”ores-et-déjà fière de servir d’exemple pour toutes les femmes qui ont une passion à assouvir:” Je veux que ma fille Dina soit fière de sa maman, a-t-elle affirmé dans une interview parue dans les colonnes du magazine chérifien La Quotidienne, et que les femmes qui ont un rêve fassent abstraction des entraves et se disent que cela peut leur arriver aussi. La meilleure façon d’exister est de s’accomplir en travaillant sans relâche. Pour ma part, j’avais deux rêves : être arbitre internationale et inspectrice de police. J’y suis parvenue malgré les difficultés
@Fayçal Chehat
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