Angélica Liddell:«Le cinéma me manquera en enfer »

 

Angélica Liddell, 59 ans le 2 octobre prochain,

                                Une oeuvre riche et toujours récompensée

Rubrique : Leur dernier mot

 » Quand je quitte la salle, la vie réelle ne m’intéresse pas du tout. Rien ne me touche, tout me fatigue, et je ne fais que chercher le film à voir le lendemain, tout en vivant dans le souvenir de celui que je viens de voir. Je suis encore vivante parce que le cinéma existe. Même la littérature n’est pas capable de me tenir debout. S’il n’y avait que les livres, j’aurais déjà rejoint Cesare Pavese ou Anne Sexton (deux suicidés, ndlr). Lire, c’est un autre état des choses, le bord du précipice. Le cinéma en revanche est la promesse de l’ange.

« Un jour, j’ai revu La Ruée vers l’or dans une cinémathèque pleine d’enfants. La chemise trempée de larmes, je me disais : comment peut-on mourir si Chaplin existe ? Le théâtre, les arts vivants ne m’intéressent qu’exceptionnellement : je trouve que c’est une démonstration permanente des talents d’un groupe de gens présomptueux et sans magie, des débiles qui dansent, des débiles qui chantent, des débiles qui savent faire des choses mais qui n’ont pas de transcendance.

« Le rituel s’est perdu il y a très longtemps, à l’origine de la tragédie.Ce n’est plus un art, mais une pure démonstration exécutée par des gens qui ne sont pas animés par une recherche intérieure, mais par le besoin de sortir du lot.Bref, la seule chose qui me manquera en enfer, ce sera le cinéma.Où je trouverai peut-être des gens en train de filmer.Un cinéaste ne peut aller qu’en enfer: du feu sur le feu, quelle beauté !  »

@Fayçal CHEHAT

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