La native de Figueras en Catalogne est donc une créatrice hors norme qui ne laisse jamais indifférent. Elle est clivante diront même certains.
Dans un prélude à un long entretien publié le 31 octobre 2022, le magazine culturel Mouvement ( https://www.mouvement.net/angelica-liddell) la décrit ainsi: « Elle fournit sa dose de frissons à la bourgeoisie en mal de sensations fortes et hérisse les partisans d’un théâtre autrement politique, qui n’hésitent pas à la taxer de réac. Depuis sa découverte à Avignon, en 2010, Angélica Liddell s’est néanmoins imposée comme une auteure et metteuse en scène incontournable.
« Touchée par la grâce ou par la folie ? Profondément sincère ou frôlant sa propre caricature ? Provocatrice ou martyre en transe ? Si ces questions se posent, c’est qu’au théâtre, rares sont les artistes qui mettent autant leurs tripes à l’ouvrage, déjouant toute tentative de séparer la femme de son œuvre. »
Mais dans notre article, Méditerranéennes Magazine a choisi de mettre en exergue la relation et la passion particulières que cette pure et dure de l’art de la scène a pour le cinéma. L’admiratrice de Bergman et de Pier Paolo Pasolini, entre autres personnalités marquantes du 7e art, a fait cette confidence étonnante cette semaine dans les colonnes du magazine français « Les Cahiers du cinéma » .
Notre Rubrique : Leur dernier mot
» Quand je quitte la salle, la vie réelle ne m’intéresse pas du tout. Rien ne me touche, tout me fatigue, et je ne fais que chercher le film à voir le lendemain, tout en vivant dans le souvenir de celui que je viens de voir. Je suis encore vivante parce que le cinéma existe. Même la littérature n’est pas capable de me tenir debout. S’il n’y avait que les livres, j’aurais déjà rejoint Cesare Pavese ou Anne Sexton (deux suicidés, ndlr). Lire, c’est un autre état des choses, le bord du précipice. Le cinéma en revanche est la promesse de l’ange.
« Un jour, j’ai revu La Ruée vers l’or dans une cinémathèque pleine d’enfants. La chemise trempée de larmes, je me disais : comment peut-on mourir si Chaplin existe ? Le théâtre, les arts vivants ne m’intéressent qu’exceptionnellement : je trouve que c’est une démonstration permanente des talents d’un groupe de gens présomptueux et sans magie, des débiles qui dansent, des débiles qui chantent, des débiles qui savent faire des choses mais qui n’ont pas de transcendance.
« Le rituel s’est perdu il y a très longtemps, à l’origine de la tragédie.Ce n’est plus un art, mais une pure démonstration exécutée par des gens qui ne sont pas animés par une recherche intérieure, mais par le besoin de sortir du lot.Bref, la seule chose qui me manquera en enfer, ce sera le cinéma.Où je trouverai peut-être des gens en train de filmer.Un cinéaste ne peut aller qu’en enfer: du feu sur le feu, quelle beauté ! »
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