Il est des sujets et des thèmes qui n’ont pas fini de déranger en Algérie. Notamment ceux qui concernent les femmes. C’est-à-dire la moitié de la population du pays. C’est le cas  de “Soula” le premier long métrage du réalisateur Salah Issad consacré au sort des  femmes célibataires dans une société fermée à double tour.

“Soula” narre l’histoire  d’une très jeune femme et son bébé né d’une relation hors mariage et d’un père inconnu  mise à la porte de la maison familiale  et qui va errer dans  Alger. Passant d’une banquette arrière d’une voiture à l’autre. D’un hébergement précaire à l’autre et d’un prédateur à l’autre.Un road movie nocturne à la fois émouvant et impressionnant.Tout se passe dans un environnement glauque où l’indifférence se conjugue parfaitement avec l’hyprocrisie sociale et l’irresponsabilité crasse des pouvoirs publics. A noter  que l’actrice principale,Souhila Bahri, y est bouleversante. Et pour cause, le scénario est largement inspiré de son expérience traumatisante de mère célibataire.

Pour le moment,”Soula” qui n’a pas reçu son visa d’exploitation, n’a pas été vu dans les rares salles cinémas qui survivent dans les grandes villes du pays. Heureusement  que l’oeuvre du talentueux  Salah Issad écume les petits festivals internationaux.  Ironie du sort  et paradoxe incroyable,  le film  ignoré en Algérie a été projeté en avant-première mondiale le 8 décembre 2021 au  Red Sea Film Festival à Djeddah, en Arabie saoudite, le  pays qui détient la palme mondiale du rigorisme. “Soula” en a même bénéficié du financement. En février, le film a  reçu la mention spéciale du jury au 5e Prix Bouamari-Vautier organisé par l’association France-Algérie, avait été projeté  lors de la 8e édition  du Final Cut de Venice  et  sélectionné à la Berlinale 2022. Nous y reviendrons.

@Leila Gaoual