L’auteure espagnole Raquel Presumido, 33 ans, vient de commettre son dernier  livre qui est en même temps une première pour elle dans le genre court, la nouvelle,  intitulé :  » Ratones en la despensa ‘  ( » Rats dans le garde-manger« ). Un recueil dont  les histoires se déroulent dans un espace à la fois fantastique – horreur et humour y sont mêlés – et mythique entre  forêts, vallées, villages et les marais d’un col de haute montagne non loin de  la frontière entre les Asturies et León. Une nouvelle flèche à son arc pour la native d’Oviedo, après son aventure poétique avec « Sola » (Sola) et  le très original « Will this be the day I go crazy? » (Est-ce le jour où je deviendrai folle ?).

Diplômée  en  communication audiovisuelle à l’Université de Burgos et d’un master en écriture de scénario de l’Université Carlos III de Madrid, Raquel Presumido a d’abord fait ses pas comme professeure  de langue et de littérature espagnoles dans un lycée tout en travaillant en parallèle  pour des sociétés de production télévisuelle et théâtrale.

Une expérience qui lui a permis d’écrire  « Sabrina, cosas de brujas » (Sabrina, choses de sorcières), une analyse féministe du scénario de la série des années 1990. Dans la foulée, elle publie  l’essai « Anónimas, la escritura silencio de las mujeres » (« Anonyme, l’écriture silencieuse des femmes »).   Et  maintenant ce  » Ratones en la despensa » qui semble avoir trouvé son public  et le respect du monde littéraire et des grands médias espagnols. De la grande interview accordée au quotidien El Pais, nous avons retenu  les  extraits  où l’écrivaine explique son intérêt et sa passion pour le genre littéraire court. La nouvelle.  F.C 

RUBRIQUE « SON DERNIER MOT »

« La nouvelle, c’est murmurer à l »oreille une histoire qui vous obsède »

 » Pour moi, la nouvelle est le genre idéal. En fait, si l’on remonte aux origines de la civilisation, le récit littéraire est ce qui se rapproche le plus des premiers récits oraux que nous nous racontions en tant qu’êtres humains pour transmettre aux nouvelles générations les histoires que nous souhaitions transmettre : les différentes coutumes, légendes, etc. Ils en sont les héritiers. La nouvelle, c’est comme si on murmurait à l’oreille une histoire qui vous obsède, avec un début et une fin. D’ailleurs, beaucoup me disent lire « Les Souris du Garde-manger » à voix haute à leurs amis, et j’adore ça. S’asseoir à table et dire : « Je vais vous raconter cette histoire que j’ai aimée.» Je pense que la nouvelle a un pouvoir et un mode de communication où rien n’est superflu, où tout est là, par nécessité. »

« La  formation informelle, celle des histoires racontées « 

 » Mes deux parcours se confondent ici. D’un côté, j’ai étudié la communication audiovisuelle et le cinéma, j’ai obtenu un master en écriture de scénario, et ma formation formelle est plus étroitement liée à l’image. Depuis que j’écris, je crée ces narrateurs devant la caméra et je transmets ces images. Mais il y a aussi la formation informelle, que je trouve très importante, celle que j’ai reçue enfant au village. Celle des histoires racontées. Mes grands-mères me racontaient des histoires qu’on leur avait racontées enfants, ou des histoires qu’elles avaient vécues pendant la guerre civile. Mon village, étant une zone frontalière, a connu de nombreux problèmes liés à la guerre, et elles vous les racontaient de mémoire. Nombre de ces histoires étaient filtrées par l’oubli, mais elles coexistaient aussi avec les histoires effrayantes que nous nous racontions la nuit, enfants, qui étaient des mensonges, mais basés sur des choses que nous avions entendues ou vues. Ces histoires naissent de ces deux contextes. »

(Propos extraits de l’interview parue dans les colonnes du quotidien espagnol El Pais  datant du 5 août 2025)