Kaouther Ben Hania:son hommage à Hind Rajab

La réalisatrice Tunisienne, Kaouther Ben Hania  a fait l’événement à la Mostra de Venise avec son film émouvant « The Voice Of Rajab » qui narre le terrible destin  d’une enfant palestinienne de six ans,  Hind Rajab, tombée en direct sous les balles de la soldatesque israélienne  le 29 janvier  2024.

 Moins de deux ans après la tragédie, le docu-fiction est présenté en avant-première mondiale lors de la 82e édition de la célèbre festival transalpin qui s’est clos le 6 septembre. Où il remporte   le Lion d’Argent. Une récompense légitime, 24 heures  après  avoir déclenché le plus impressionnant des hommages de la part de la  famille du cinéma mondial sous la forme d’un séquence d’applaudissements  d’une durée de 23 minutes. En présence de la cinéaste native de Marseille et de l’équipe de production dont les acteurs et actrices Amer Hlehel, Clara Khoury et Saja Kilani. 

                   « Maintenir Hind en ligne coûte que coûte »

Le synopsis du long métrage n’est pas sorti des clous du réalisme et des faits indiscutables à l’origine du drame vécu par la très jeune victime. Tout part du moment où  les bénévoles du Croissant-Rouge  palestinien ont reçu son appel au secours .Une séquence qui a duré des heures au cours desquelles Hind Rajab (1) s’est retrouvée  coincée à Gaza  dans une voiture où avaient déjà été tués son oncle, sa tante et quatre de ses cousins.

 

L’équipe de volontaires s’est activée sans compter  afin de maintenir Hind au bout de la ligne après lui avoir indiqué qu’une ambulance était en route pour la secourir. Ce sont ces échanges  enregistrés,  poignants et habillés d’une urgence absolue , que la réalisatrice et son team ont utilisé lors d’une reconstitution fidèle au possible À  noter que ce sont les enregistrements vocaux réels entre Hind et les correspondants du Croissant-Rouge  durant l’attaque israélienne qui ont été utilisés dans le film.

  » La voix de Hind Rajab, c’était la voix de Gaza »

 Lors de la conférence de presse qui a suivi la projection du film, la réalisatrice  a eu des mots forts pour décrire comment elle a réussi à  construire son sujet sans jamais dénaturer les faits  : « Je voulais me concentrer sur l’invisible : l’attente, la peur, le silence insupportable lorsque les secours n’arrivent pas. Parfois, ce qu’on ne voit pas est plus dévastateur que ce qu’on voit. Au cœur de tout cela se trouve quelque chose de très simple et de très difficile à vivre. Je ne peux accepter un monde où un enfant appelle à l’aide et où personne ne vient. Cette douleur, cet échec, nous appartiennent à tous. » La Tunisienne a également  pu échanger avec la maman de l’enfant martyre.

Kaouther Ben Hania, Tunisie, auteure, entre autres, des « Filles d’Olfa » César du meilleur film documentaire en 2024

L’auteure des « Filles d’Olfa« , son avant dernier film, César du meilleur documentaire en 2024  et nommé aux Oscars en 2025, avoue qu’elle a pu être gagnée par le découragement  devant de batailles aussi dures :  » Quand je suis trop déprimée par la situation, je me dis : “A quoi ça sert tout ça, à quoi bon faire des films ? Mais les fois où je suis moins déprimée, je me dis que c’est important…Nous voyons que, partout dans le monde, les médias présentent les morts à Gaza comme des dommages collatéraux. Je trouve cela si déshumanisant et c’est pourquoi le cinéma, l’art et toutes les formes d’expression sont si importants pour donner une voix et un visage à ces personnes ».

Et puis, il y a eu cette phrase chargée de sens prononcée par Khaouter Ben Hania :  « Lorsque j’ai entendu pour la première fois la voix d’Hind Rajab, il y avait quelque chose de plus que sa voix. C’était la voix de Gaza qui appelait à l’aide et personne ne pouvait en douter ».

Après ces moments exceptionnels offerts à la Mostra par sa présence et son succès indiscutable,  The Voice Of Rajab » (1) est appelé à porter son message  et son témoignage dans  d’autres  festivals ur les cinq continents d’une planète qui vit depuis deux ans au rythme des horreurs et des massacres perpétrés par l’Etat israélien et son armée sur les terres de Palestine. Le film représentera la Tunisie aux Oscars 2026.

@Fayçal CHEHAT

(1) * « 12 jours après avoir été portée disparue, le corps de Hind Rajab, âgée de six ans, a été retrouvé, ainsi que les corps de cinq membres de sa famille, dans le quartier Tal al-Hawa de la ville de Gaza, dans le véhicule qui était encerclé par les chars israéliens. »

 

 

 

 

 

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