Hassiba Boulmerka, Algérie: Un éclair dans la tempête
Le nom de Hassiba Boulmerka est inscrit pour toujours dans la mémoire du sport algérien. Elle a marqué l’histoire du demi fond continental et mondial entre 1991 et 1997 en remportant deux titres mondiaux et deux titres olympiques. Elle fut la première femme africaine et arabe à monter si haut.
Souvenons-nous du parcours de la plus grande spacialiste du demi fond algérien, dont la notorié internationale a commencé en 1991 aux championnats du monde d’athétisme avant d’exploser un an plus tard aux Jeux olympiques de Barcelone.
Sacrée championne du monde dans la capitale nipponne, Hassiba devient la première athlète arabe à réaliser une telle performance et s’apprête à découvrir, quelques mois plus tard, la gande aventure olympique. Celle dont rêvent tous les athlètes de haut niveau de la planète.
Dans son pays, l’Algérie, les choses se tendent de façon indiscutable sur le plan politque. Avec des élections législatives en perspective dont les favoris étaient les partisans du Front Islamique du Salut (FIS), principal parti religieux du pays. Si son titre mondial avait fait la fierté d’une grande partie de la jeunesse algérienne, il n’en était pas de même du côté des dirigeants et des idéologues du parti islamiste. L’air devenait irrespirable pour les femmes dans un pays comme paralysé par les changements de vie brutaux promis par les larges vainqueurs des élections municipales.
La native de Cosntantine passe le printems 1992 en Europe où elle est censée multiplier stages et meetings internationaux pour préparer le rendez-vous de Barcelone. Mais tout ne ce passe pas comme prévu. Comme si elle jouait à l’Arlésienne. Elle était partout et nulle part. On la disait blessée, déprimée, découragée, tentée même par l’exil. Les meetings se déroulaient sans elle. Sans son fameux maillot vert qui avait séduit les Japonais et les téléspectateurs du monde entier.
Ils (ses détracteurs) avaient dit “feu de paille”
Par contre, ses détrateurs en Algérie se réjouissaient, affirmant qu’elle n’était qu’un feu de paille. Et qu’l n’y aura pas de nouveau Tokyo pour elle. Son retour sur la piste, en juillet, modeste et hésitant, sembla aller dans le sens des mauvaises augures. Défaite à Lille, Bruxelles.. Boulmerka laissa dire.
Pas question de s’épancher dans les colonnes des journaux ou devant les micros qui se tendaient devant dans les conférences de presse. Pas de déclarations fracassantes. Pas de fausses excuses ni de rodomontades. Un silence impressionnant, derrière lequel se cachait, sous la houlette de son remarquable entraîneur, Amar Bouras, un travail colossal, sérieux et efficace.
Le jour J à Barcelone, le 8 août 1992, la position de Hassiba Boulmerka était vraiment particulière. Championne du monde en titre, elle ne pouvait plus surprendre. Mais son début de saison médiocre faisait quand même planer le doute sur pouvoir de résurrection. Ses adversaires étaient décontenancées. Elles le furent encore plus lorsque la Constantinoise remporta haut la main son premier tour, puis sa demi-finale.
Là voilà redevenue maîtresse à l’heure d’attaquer sa première finale olympique. Avec tous ses atouts. Notamment sa pointe de vitesse et son finish de sprinteuse dévastateur dans les 300 derniers mètres. Un retournement se situation exceptionnel. Comme à Tokyo, les Soviétiques étaient ses principales concurrentes. Et comme à Tokyo, elles craquèrent dans le dernier tour. Laissant à l’Algérienne de 24 ans, et le titre olympique et la meilleure performance mondiale de l’année. En courant son 1500 m en 3’55” 30, Hassiba avait pulvérisé son record d’Afrique de 44″79 et réalisé par la même occasion la cinquième performance mondiale de tous les temps. Son explosion de joie fut à la mesure de ses sacrifices et du bonheur qu’elle avai su donner aux autres.
Le triomphe du talent, de l’envie et de la hargne
Devant sa hargne, sa volonté incomparable, son sens du devoir, l’amour sincère qu’elle voue à son pays, cette femme courage qui a su défier en mondovision les projets funestes et archaiques imaginés, préparés et engagés par les extrémistes religieux, les Algériens fondirent comme une motte de beurre au soleil.
Ce que les gens ne sûrent pas sur le moment, c’est que ses engagements pour la liberté d’être en tant que femme avaient mis la frêle Hassiba dans l’oeil du cyclone. À une période ou les assassinats ciblés ou collectifs organisés par le FIS et son bras armé le GIA étaient quotidiens. Boulmerka quittera le stade olympique de la capitale catalane dans une voiture blindée de la police et sous protection de gardes du corps. Sans peur et sans reproche, elle assuma en confiant aux médias : ” Je suis musulmane et pratiquante, mais je ne voulais pas porter le hijab, et les islamistes ne le supportaient pas. Mais j’assumais totalement le fait de vivre comme je l’entendais, et de ne pas céder à la pression des plus extrémistes Mais à 24 ans et quand on est seulement une sportive de haut niveau, on n’est pas préparée à cela, pas plus que de vivre entourée de gardes du corps”.
“Le petit bout de femme au coeur gros comme ça” avait réussi à conquérir l’affection de tout un peuple accablé chaque jour un peu plus par les difficultés présentes et à venir. En cette année 1992, si dure à vivre, Boulmerka fut un véritable don du ciel. Un signe que les Dieux n’avaient pas abandonné l’Algérie.
@Fayçal CHEHAT
Boulmerka c’est: Deux titres olympiques sur 1500 m à Barcelone (1992) et deux titres de championne dumonde à Tokyo (1993 ) et à Göteborg (1995). Quatre titres de championne d’Afrique entre 1998 et 1991.
Aujourd’hui, l’ancienne championne est une chef d’entreprise à succès dans le domaine médical
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