Kaylia Nemour: le temps de l’émancipation
Tout le monde sait depuis la fin du printemps de cette année que l’Algérienne Kaylia Nemour, 18 ans, championne olympique de gymnastique en 2024 à Paris, avait décidé de quitter son club formateur d‘Avoine-Beaumont pour rejoindre le club de Dijon – L’Alliance Dijon Gym 21 – où elle est désormais entraînée par Nadia Massé sa chorégraphe depuis 2021.
Ii n’y avait rien d’extraordinaire pour tous ceux qui suivent ce sujet de loin,. Ce sont des mouvements et des changements qui arrivent dans tous les sports et font partie de la construction de l’histoire d’un champion ou d’une championne.
Ce n’était en apparence qu’une fin de cycle avec un changement attendu en principe sereinement par les deux parties concernées. Mais dans les faits, la réalité était différente. La gymnaste se sentait mal dans ce club où elle a grandi avec une ambiance qui a changé depuis que les JO l’ont révélée au monde. Kaylia a des reproches en profondeur à faire sur les méthodes d’entraînement qui selon elle n’épousent pas vraiment les avancées contemporaines dans la forme et dans le fond.
Kaylia est plus mal encore lorsqu’elle découvre que « certaines réactions sur les réseaux sont devenues malveillantes et les rumeurs qui disaient que ma mère et moi aurions porté plainte sont fausses.« On raconte aussi que je serais partie sans dire au revoir ». Enfin décidée à crever l’abcès qui la tourmente, l’Algérienne a haussé le ton : « J’ai besoin de parler à cause des rumeurs et des mensonges qui sont véhiculés par l’entourage de mon ancien club » a-t-elle confié à L’Équipe.
Ses entraîneurs, le couple Chirilenquo, directement cités nient tout conflit sur le plan professionnel en déclarant » ne pas avoir de désaccord avec Kaylia, elle est partie en bons termes avec nous et nous sommes heureux d’avoir pu lui apporter autant durant ses quatorze années passées à Avoine ». Il ajoute : « Le ressenti de Kaylia aujourd’hui, après que nous lui avons permis de devenir championne olympique à Paris, lui est personnel ».

À noter que Kaylia n’est pas partie seule à Dijon. C’est toute la famille qui s’est retrouvée dans la cité des : sa mère, son père et frère et soeurs. Actuellement en stage au Texas; Kaylia a bien l’intention de préparer dans le plus grand sérieux les deux rendez-vous sportifs qui lui teinnent à coeur. En l’occurence les Mondiaux à Jakarta programmés du 19 au 25 octobre 2025.
Extraits choisis des deux entretiens exclusifs accordés au quotidien français L’Équipe et au magazine spécialisé SpotGym.fr .
« Les pires attaques sont venues du club »
Lors de mon départ, le club a communiqué en me remerciant, indiquant qu’il respectait mon choix. Mes entraîneurs ont fait de même. J’étais donc confiante et rassurée pour la suite. Je me disais que les choses allaient bien se passer. Finalement, les pires attaques proviennent du club, des anciennes gymnastes avec qui je m’entraînais et de leurs entourages. Elles sont clairement dictées afin de nuire à mon image d’athlète dans le milieu de la gym. Probablement pour me déstabiliser ou par peur que je continue à performer ?
« Je ne suis pas sous influence »
« Mon départ d’Avoine relève de ma décision et je n’ai été sous l’influence de personne. J’avais besoin de partir, pour moi, pour me sentir mieux. Je pense que personne ne m’a vue grandir et quelque part ça me vexe que l’on puisse penser qu’à 18 ans, je ne sois pas capable de faire mes propres choix ou encore incapable de m’exprimer. «
« Pourquoi je ne m’exprime que maintenant ? »
« Cela fait un moment que je n’avais pas répondu à une interview. Je voulais attendre d’être installée dans ma nouvelle vie. Je pense que c’est aussi le moment de répondre à certaines rumeurs et de mettre en lumière ma vérité. Je voulais me concentrer sur mon nouveau projet, utiliser mon énergie et mon temps à construire mon avenir. Je ne ressentais pas le besoin de justifier mon choix car je suis la meilleure personne pour savoir ce dont j’ai besoin et envie. J’ai conscience que beaucoup de personnes m’ont soutenue et me suivent sur les réseaux. Je veux les rassurer en leur disant qu’il s’agit de mon choix et que je suis toujours la même gymnaste déterminée. »
« Après les Jeux, j’ai voulu arrêter tellement je ne m’y retrouvais plus. J’ai tenté de dialoguer, de dire les choses, de formulerles changements que je souhaitais. Je voulais laisser une chance que cela fonctionne différemment et que l’histoire continue.«
Sa dernière médaille d’or mondiale remporté en juin dernier à Tashkent en Ouzbekistan
« Peur de la concurrence avec Elena Colas* ? »
« J’ai des valeurs sportives et je n’ai jamais été jalouse, au contraire. J’ai toujours considéré l’entraînement avec quelqu’un de son niveau comme une source de motivation, favorisant une dynamique positive. Je n’ai jamais vu Elena comme une rivale. Je la connais depuis toute petite, je lui souhaite de vivre de beaux moments dans la gym comme à toutes les gyms qui travaillent dur pour cela. Selon moi, la jalousie représente l’envie d’avoir ce qu’une autre personne possède… Aujourd’hui, j’ai tout ce dont j’ai besoin et je suis heureuse. »
- Championne de France 2025 junior.
« Nous étions tous sous emprise »
« On était tellement tous sous emprise… Les filles, les parents. Quand tu es là-bas, tu ne sais pas, tu ne vois pas… Et comme on n’a vécu que ça, toute notre vie, ça nous semble normal. J’ai vu, ailleurs, des gymnastes rigoler avec leurs entraîneurs, sans que ça les empêche de performer. Je n’oublierai jamais d’où je viens, ni ce que j’ai vécu. Je ne renie rien mais je ne veux plus cautionner certaines méthodes. »
« Je souhaite faire de la gym autrement «
« La préparation olympique m’a fait grandir. J’ai pris en maturité et me suis rendue compte que les méthodes d’entraînement n’étaient plus en accord avec mes valeurs, ni adaptées à mon âge. Aujourd’hui, je suis à la recherche d’un encadrement sain et il est important pour moi de ne plus avoir une boule au ventre avant d’aller à l’entraînement. J’ai envie d’avoir du plaisir à m’entraîner, même si le haut-niveau impose de la rigueur. Je souhaite faire de la gym autrement. Je savais que si je restais dans cette ambiance avec beaucoup de cris, je ne performerai plus.Après les Jeux, j’ai voulu arrêter tellement je ne m’y retrouvais plus. J’ai tenté de dialoguer, de dire les choses, de formulerles changements que je souhaitais. Je voulais laisser une chance que cela fonctionne différemment et que l’histoire continue. »
@Méditerranéennes Magazine
Sources : L’Équipe » , SpotGym.fr
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